samedi 31 mars 2018

Un poignard

 Ps 54
20 Que Dieu entende et qu'il réponde,
lui qui règne dès l'origine,
à ceux-là qui ne changent pas,
et ne craignent pas Dieu.
21 Un traître a porté la main sur ses amis,
profané son alliance :
22 il montre un visage séduisant,
mais son cœur fait la guerre ;
sa parole est plus suave qu'un parfum,
mais elle est un poignard.

Viens Esprit Saint, viens Esprit de sagesse, donne-nous de discerner les voix qui nous attirent loin de toi, aussi suaves soient-elles.

Que Dieu entende et qu'il réponde : oui, Dieu entend et il répond, mais ce n’est pas à la prière du fidèle, ce qu’il entend, c’est la gronde des traîtres. « Répondre » signifie en fait ici « répliquer » ou « répondre en jugement ».

lui qui règne dès l'origine : à ceux-là qui ne changent pas et ne craignent pas Dieu : l’opposition est claire entre Dieu qui est immuable et de tous temps, et les mauvais qui, eux, sont appelés à « changer », nous pourrions dire « à se convertir », à se tourner vers Dieu et, dès lors, à le craindre, à reconnaître sa grandeur.
 
Un traître a porté la main sur ses amis, profané son alliance : nous revenons en quelque sorte aux versets 13-14 avec l’idée de trahison de l’amitié. Il s’agit maintenant des amis de Dieu dont fait partie le prophète. Trahir les amis de Dieu, c’est profaner son alliance. Nous voyons bien qu’il s’agit toujours de ceux qui se sont détournés de Dieu, et donc qui le connaissaient, et non pas de « païens ».

il montre un visage séduisant, mais son cœur fait la guerre ; sa parole est plus suave qu'un parfum, mais elle est un poignard : en un verset, voici une description illustrée de la trahison ! J-L Vesco traduit : « Glissante plus que crème (mot unique dans la Bible) est sa bouche… onctueuses ses paroles plus que l’huile… »

Seigneur Dieu, préserve-nous des attaques qui nous blessent. Toi qui es de toute éternité, nous te rendons grâce pour ton alliance et ta fidélité.

vendredi 30 mars 2018

Le soir, le matin et à midi

Ps 54
17 Pour moi, je crie vers Dieu ;
le Seigneur me sauvera
18 Le soir et le matin et à midi,
je me plains, je suis inquiet.
Et Dieu a entendu ma voix,
19 il m'apporte la paix.
Il me délivre dans le combat que je menais ;
ils étaient une foule autour de moi.

Viens Esprit Saint, viens en nos cœurs afin y mettre le désir de te prier sans cesse.

Pour moi, je crie vers Dieu ; le Seigneur me sauvera : elles étaient belles, les ailes de la colombe (v. 7) mais était-ce vraiment la bonne réaction de « fuir » au désert « loin, très loin » ? Le psalmiste a compris qu’il valait mieux se tourner vers Dieu, crier vers lui, qu’en lui était le salut. Ce qui est quand même rassurant pour nous qui n’avons pas d’ailes…

Le soir et le matin et à midi : cette prière est continuelle ainsi que l’indique la mention des trois temps de la journée : soir, matin, midi, cités dans l’ordre en usage en Israël après l’exil.
 
je me plains, je suis inquiet : le psaume commençait quasi sur les mêmes mots (v. 3) : « inquiet, je me plains », la permanence des sentiments est ainsi soulignée, renforcée.
 
Et Dieu a entendu ma voix, il m'apporte la paix. Il me délivre dans le combat que je menais ; ils étaient une foule autour de moi : Dieu exaucera le priant en le donnant la paix et la liberté. La « septante » traduit : « il rachètera dans la paix mon âme à ceux qui s’approchent de moi ». Comme le Christ nous a « rachetés ».

Seigneur Jésus, tu nous as rachetés par le don total de ta vie, tu nous as rendus libres, tu nous accordes ta paix. Béni sois-tu.

jeudi 29 mars 2018

D'un même pas

Ps 54
13 Si l'insulte me venait d'un ennemi,
je pourrais l'endurer ;
si mon rival s'élevait contre moi,
je pourrais me dérober.
14 Mais toi, un homme de mon rang,
mon familier, mon intime !
15 Que notre entente était bonne,
quand nous allions d'un même
pas dans la maison de Dieu !
16 Que la mort les surprenne,
qu'ils descendent vivants dans l'abîme,
car le mal habite leurs demeures,
il est au milieu d'eux.

Viens Esprit Saint, viens répandre ta parole en nos cœurs, qu’elle les éclaire et les fortifie.

Si l'insulte me venait d'un ennemi, je pourrais l'endurer : voilà qui n’est pas certain, vu les plaintes montées précédemment de la bouche du psalmiste… mais tout est une question de degré ; il faut surtout marquer le contraste avec le sujet étonnant qui va suivre.

si mon rival s'élevait contre moi, je pourrais me dérober : c’est bien ce qu’il a demandé : s’enfuir au plus loin de ses ennemis.

Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime : mais ! Voilà qu’arrive une nuance beaucoup plus originale et assez exceptionnelle dans la bible : la distinction entre la menace des ennemis et la trahison d’un ami. Oui, les auteurs bibliques connaissent bien l’âme humaine. On passe ainsi à un degré de souffrance supérieure, au sommet du sentiment d’abandon. Ce n’est plus la menace physique qui est prépondérante mais bien celle d’être renié par quelqu’un qu’on aimait – ou qu’on aime. La gradation est bien marquée et surtout on est passé au singulier, au personnel : un égal, un familier, un intime…
 
Que notre entente était bonne, quand nous allions d'un même pas dans la maison de Dieu : … un homme avec lequel il y avait un accord profond, avec lequel on allait jusque dans la maison de Dieu, marchant d’une même cadence… A noter que le mot « Ami » n’y est pas, et pourtant nous l’avons entendu résonner à chaque ligne de ces versets. C’est une hymne à l’amitié et à sa beauté fragile.

Que la mort les surprenne, qu'ils descendent vivants dans l'abîme, car le mal habite leurs demeures, il est au milieu d'eux : avec le retour du pluriel, nous voici revenus dans la demeure des ennemis (verset 16), et nous entendons à nouveau le psalmiste souhaiter que disparaissent tous les « mauvais », ennemis ou « amis ».

Seigneur Dieu, toi qui veux voir tous tes enfants réunis, répands ta paix entre nous, fortifie nos amitiés, permets-nous de marcher tous d’un même pas dans ta maison. 

mercredi 28 mars 2018

Au-dedans, c'est la ruine

Ps 54
10 Divise-les, Seigneur,
mets la confusion dans leur langage !
Car je vois dans la ville discorde et violence :
11 de jour et de nuit, elles tournent en haut de ses remparts.
Au-dedans, crimes et malheurs ;
12 au-dedans, c'est la ruine :
fraude et brutalité ne quittent plus ses rues.

Viens Esprit Saint, que ta parole inspire notre conduite face à tous les maux présents dans notre société.
 
Divise-les, Seigneur, mets la confusion dans leur langage : souhait que les ennemis ne s’entendent plus, qu’ils soient divisés, donc affaiblis ; et cela notamment pas la confusion des langues. Voilà qui fait inévitablement pensé à l’épisode de Babel (Gn 11, 5-9). Au contraire, la rencontre, si possible dans un langage commun, est bien facteur de paix.

Car je vois dans la ville discorde et violence : de jour et de nuit, elles tournent en haut de ses remparts : contraste violent avec le repos dans le silence du désert du verset 8. Là, le désert offrait l’asile. Maintenant, nous sommes plongés dans le chaos et la déchéance de la grande ville. Le psalmiste est témoin de la perversion de la ville et en énumère les 7 maux : discorde, violence, qui tournent, tels des rapaces au-dessus des remparts.

Au-dedans, crimes et malheurs ;  au-dedans, c'est la ruine, fraude et brutalité ne quittent plus ses rues : puis crimes, malheurs, ruine, fraude et brutalité. 7 maux, comme une totalité. Si la colombe voulait voler « loin, très loin », ici, au contraire, c’est l’enfermement : au-dedans… au-dedans.

Seigneur Dieu, viens combattre à nos côtés contre tout ce qui avilit l’homme, contre toutes les violences, les injustices.

mardi 27 mars 2018

Des ailes de colombe

Ps 54
7 Alors, j'ai dit :
« Qui me donnera des ailes de colombe ?
Je volerais en lieu sûr ;
8 loin, très loin, je m'enfuirais
pour chercher asile au désert. »
9 J'ai hâte d'avoir un abri
contre ce grand vent de tempête !

 Viens Esprit Saint, viens faire vivre la Parole en nos cœurs.

Alors, j'ai dit : Qui me donnera des ailes de colombe ? : ainsi se déploie toute la poésie des psaumes ! Quelle belle prière de supplication… La colombe, symbole de salut (avec Noé), la colombe qui niche en des lieux inaccessibles (au creux du rocher Ct 2,14), oiseau fragile et magnifique avec ses ailes aux reflets d’argent (Ps 68).
 
Je volerais en lieu sûr : souhait de vivre en paix, de quitter l’angoisse de l’ennemi. Quel est pour nous ce lieu sûr ?

loin, très loin, je m'enfuirais pour chercher asile au désert : mettre de la distance, une grande distance entre soi et « l’ennemi », symboliquement parlant, c’est peut-être aussi tourner le dos à ses propres ennemis, mettre entre eux et nous cette distance qui nous en préserve. S’enfuir au désert, comme Israël y fut conduit par Dieu lors de l’exode, loin de l’oppresseur égyptien.
 
J'ai hâte d'avoir un abri contre ce grand vent de tempête : trouver un abri, dans le désert, ou en Dieu. La « Septante » traduit : « j’attendrai quelqu’un qui me sauve du découragement et de la tempête »… mystère des traductions mais façon évocatrice de montrer que notre abri, c’est Quelqu’un.

Seigneur Jésus, donne-nous des ailes de colombe pour voler vers toi, pour trouver notre abri en toi.


 

lundi 26 mars 2018

Mon coeur se tord


Ps 54
1 Au maître de chant, avec instruments à cordes.
Cantique de David.

 2 Mon Dieu, écoute ma prière,
n'écarte pas ma demande.
3 Exauce-moi, je t'en prie, réponds-moi ;
inquiet, je me plains.
4 Je suis troublé par les cris de l'ennemi
et les injures des méchants ;
ils me chargent de crimes,
pleins de rage, ils m'accusent.
5 Mon cœur se tord en moi,
la peur de la mort tombe sur moi ;
6 crainte et tremblement me pénètrent,
un frisson me saisit.

Viens Esprit Saint, viens habiter nos cœurs quand nous sommes menacés par la peur, viens nous apporter les mots de la supplication pour nous tourner vers notre Dieu.

Au maître de chant, avec instruments à cordes. Cantique de David : certains psaumes présentent des ressemblances telles qu’ils semblent parfois « recopiés » de l’un à l’autre ; tel est par exemple le cas des psaumes 13 et 52. Voilà pourquoi nous prenons directement le psaume 54. Le premier verset, cette fois, ne donne pas le cadre « historique », mais en lisant les psaumes à la suite, on pourrait supposer que David, toujours en fuite devant Saül, « est caché au désert » de Ziph (Ps 53,2 avec lequel les points communs sont nombreux).

Mon Dieu, écoute ma prière, n'écarte pas ma demande : nous sommes à nouveau en présence d’un psaume de supplication individuelle, un appel vers Dieu pour qu’il écoute son fidèle en danger.

Exauce-moi, je t'en prie, réponds-moi ; inquiet, je me plains : que Dieu écoute, et surtout qu’il réponde, qu’il exauce, car l’inquiétude a gagné son âme. L’auteur utilise ainsi à la suite quatre impératifs pour convaincre son Dieu.

Je suis troublé par les cris de l'ennemi et les injures des méchants ; ils me chargent de crimes, pleins de rage, ils m'accusent : le psalmiste exprime son trouble. D’autres traductions (« je divague » « je m’agite »… ou encore « être sans repos », « être hors de sens ») traduisent encore mieux la fébrilité, l’émotion qu’il ressent devant l’acharnement des méchants qui se traduit de nouveau par les méfaits de la langue : cris, injures, accusations… La violence verbale est insoutenable.

Mon cœur se tord en moi, la peur de la mort tombe sur moi, crainte et tremblement me pénètrent, un frisson me saisit : la description se poursuit, les images s’additionnent : terreurs mortelles, frison d’horreur…

Seigneur Dieu, fais que nous nous tournions toujours vers toi lorsque nous sommes troublés. Ecoute-nous, et, dans ta bonté, exauce-nous, protége-nous. Tu es le Dieu fidèle, béni sois-tu.

samedi 24 mars 2018

Sans fin

Ps 51
10 Pour moi, comme un bel olivier dans la maison de Dieu,
je compte sur la fidélité de mon Dieu, sans fin, à jamais !
11 Sans fin, je veux te rendre grâce, car tu as agi.
J'espère en ton nom devant ceux qui t'aiment : oui, il est bon !
 
Viens, Esprit Saint, dans ta fidélité, viens nous donner les mots pour témoigner de la bonté de notre Dieu.

Pour moi, comme un bel olivier dans la maison de Dieu, je compte sur la fidélité de mon Dieu : dans ce psaume, l’auteur a d’abord attaqué le mauvais, puis parlé des justes en tant que témoins ; il va conclure le psaume en parlant en son nom propre. Il se décrit comme un « bel olivier » ou « olivier verdoyant », en opposition avec le  verset 7 où « l’homme fort » était menacé de déracinement, menacé d’être extirpé de la terre. De plus, il allait être arraché de sa demeure, alors que le psalmiste réside, lui, dans la maison de Dieu. Le symbole se poursuit ainsi car il pouvait réellement avoir des oliviers dans l’enceinte du temple. Toujours verts et jusqu’à plusieurs fois centenaires, ces arbres symbolisent la fécondité au long des temps.

sans fin, à jamais : car l’insistance est nettement mise sur une promesse qui ne sera jamais abolie, une prospérité « sans fin »

Sans fin, je veux te rendre grâce, car tu as agi : une troisième fois est soulignée l’action « sans fin » de Dieu, et c’est pourquoi le psalmiste rend grâce.

J'espère en ton nom devant ceux qui t'aiment : oui, il est bon : ainsi se fonde son espérance, ainsi peut-il affirmer (espérer, annoncer) que Dieu (son nom) est bon. Au verset 8, la collectivité des justes était témoin de la déchéance du mauvais, nous retrouvons ici le groupe de témoins, « ceux qui aiment Dieu » qui cette fois voient l’espérance et entendent la profession de foi du psalmiste : Dieu a agi, Dieu est bon.

Seigneur, tu es le Dieu fidèle, le Dieu qui agit en notre faveur « toujours et à jamais ». Que cette certitude nous rassure et nous fasse connaître la vraie joie que tu nous donnes en partage.

vendredi 23 mars 2018

Les justes verront

Ps 51
Pause
8 Les justes verront, ils craindront, ils riront de toi :
9 « Le voilà donc cet homme qui n'a pas mis sa force en Dieu !
Il comptait sur ses grandes richesses,
il se faisait fort de son crime ! »
 
Viens Esprit Saint, que ta lumière nous éclaire, qu’elle nous fasse considérer les évènements et les personnes comme tu les vois.

Pause : on va passer de la description des actions de « l’homme fort », c’est-à-dire du mauvais, du menteur, à  celle du juste. Mais, avant cela, la Bible nous invite à marquer une « PAUSE » dans le chant. Un instant de silence, de recueillement, pour regarder ce « méchant » avec nos propres yeux.

Les justes verront, ils craindront, ils riront de toi : le psalmiste, lui, avance, de nouveau, trois verbes pour décrire la réaction des justes : voir, craindre, se moquer. D’abord donc ouvrir les yeux sur ce qui les entourent, en être conscients, mais y voir aussi comment Dieu lui-même agit. En conséquence reconnaître la puissance, la grandeur de cette action divine et « craindre », être pleins de reconnaissance devant Dieu. Et puis ce rire moqueur, qui est d’ailleurs plus d’une fois attribué à Dieu même, cette façon de prendre distance  devant l’attitude dont on est témoin.

Le voilà donc cet homme qui n'a pas mis sa force en Dieu ! Il comptait sur ses grandes richesses, il se faisait fort de son crime : et nous avons les paroles mêmes de la moquerie : malheur à celui qui compte sur ses richesses plutôt que sur Dieu ! Jésus n’est-il pas revenu sur cette fausse confiance dans ses richesses avec la parabole du « riche insensé » dont on aurait aussi bien pu se moquer…

 Seigneur Dieu, ce sont tes « richesses », tes dons, qui nous font vivre. Ces dons que tu nous offres chaque jour, à chaque instant, sur lesquels nous savons que nous pouvons compter. Nous t’en rendons grâce.

jeudi 22 mars 2018

Dieu est fidèle

Ps 51
3 Pourquoi te glorifier du mal, toi, l'homme fort ?
Chaque jour, Dieu est fidèle.
4 De ta langue affilée comme un rasoir,
tu prépares le crime,
fourbe que tu es !
5 Tu aimes le mal plus que le bien,
et plus que la vérité, le mensonge ; *
6 tu aimes les paroles qui tuent,
langue perverse.
7 Mais Dieu va te ruiner pour toujours,
t'écraser, t'arracher de ta demeure,
t'extirper de la terre des vivants.

Viens Esprit saint, viens nous redire la fidélité de notre Dieu au milieu de tous nos chemins chaotiques.

Pourquoi te glorifier du mal, toi, l'homme fort : les deux premiers versets nous ont livré le contexte attribué à ce psaume. L’ennemi dont il s’agit (Saül ? Doëg ?) fait certes le mal, mais ce qui est souligné ici est qu’il s’en glorifie. Nous retrouvons une fois de plus le rôle prépondérant de la parole dans l’action humaine. Cet ennemi est appelé avec ironie « homme fort », ce qui pourrait aussi se traduire par « preux » et qui désignait précisément les guerriers recrutés par Saül et dont Doëg fait partie.

Chaque jour, Dieu est fidèle : une petite incise inattendue au milieu de ces cinq versets d’accusation – mais un rappel essentiel et une opposition clairement soulignée entre Dieu et le mauvais.

De ta langue affilée comme un rasoir, tu prépares le crime, fourbe que tu es : nous sommes sur le premier versant de ce psaume très construit et nous y relevons une cascade de termes qui se rattachent au meurtre et à la tromperie : la langue affilée, le crime, la fourberie…

Tu aimes le mal plus que le bien, et plus que la vérité, le mensonge : le mal, mensonge…

 tu aimes les paroles qui tuent, langue perverse : les paroles tueuses, la perversité…  voilà ce qu'il "aime" : le mot est répété.

Mais Dieu va te ruiner pour toujours : face à ce tableau, la réplique de Dieu, tout aussi déterminante : ce qui est annoncé, c’est d’abord la ruine : perte de ces richesses pour celui qui s’est fié à son trésor ? Ou bien ruines, destruction de tout ce qu’il avait édifié ?

t'écraser, t'arracher de ta demeure, t'extirper de la terre des vivants : il sera écrasé (« démoli »), réduit à poussière ; arraché, à quelle demeure ? A sa tente de guerrier ? Extirpé, « déraciné » de la terre.
 
Seigneur Dieu, dans ta fidélité, tu te détournes de tout ce qui est faux et trouble. Tu es la Vérité, tu es la Vie, et cette vie, tu nous la donnes en partage. Donne-nous de l’accueillir de tout notre être et d’y conformer notre existence.

mercredi 21 mars 2018

L'Edomite

Ps 51
1 Au maître de chant. Cantique de David
2 Lorsque Doëg l'Edomite vint faire à Saül ce rapport: David s'est rendu dans la maison d'Achimélech.

Viens Esprit Saint, habite nos cœurs, éclaire nos esprits.

 Au maître de chant. Cantique de David.
Lorsque Doëg l'Edomite vint faire à Saül ce rapport: David s'est rendu dans la maison d'Achimélech : nous sommes donc dans un cadre « historique » précis, en tous cas en référence directe avec un long récit biblique raconté au premier livre de Samuel, aux chapitres 21 et 22 : à relire !
Bien sûr, il s'agit ici de personnages emblématiques. Doëg, étant d’Edom, est l’ennemi type d’Israël. Il a épié David, en fuite devant Saül, demandant de l’aide au prêtre Ahimélek, à Nob. Ce dernier l’a secouru. Apprenant cela, Saül fait venir tous les prêtres de Nob et ordonne à ses serviteurs de les mettre à mort. Seul Doëg obéit et les massacre tous à l’exception du fils d’Ahimélek.
C’est à Saül ou à Doëg que les versets suivant vont être adressés : ils représentent le type même du mauvais, de l’ennemi. Israël, voulant en garder la mémoire, en a fait un « cantique ».
 
Seigneur Dieu, toutes nos vies s’inscrivent dans une histoire. Fais que nous puissions y lire ton action à nos côtés et n’en garder que ce qui peut tous nous tourner vers toi.

lundi 19 mars 2018

Accorde le bonheur

Ps 50
18 Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas,
tu n'acceptes pas d'holocauste.
19 Le sacrifice qui plaît à Dieu,
c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu,
un coeur brisé et broyé.
20 Accorde à Sion le bonheur,
relève les murs de Jérusalem.
21 Alors tu accepteras de justes sacrifices,
oblations et holocaustes ;
alors on offrira des taureaux sur ton autel.


Viens Esprit Saint, viens nous inspirer les mots de la prière afin que celle-ci soit agréable à Dieu.
 

Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste : dans le psaume précédent, à partir du verset 7, Dieu a longuement expliqué à son peuple qu’il n’avait que faire de ses sacrifices. Ce n’est pas qu’il les condamne (ce n’est pas pour tes sacrifices que je te ferai des reproches 49,8). Mais il ne les désire pas, il n’y prend pas plaisir. Et le psalmiste a compris. En finale de ce psaume, il répète la leçon, d’autant plus qu’étant vraisemblablement en exil loin de Jérusalem, il est impossible de se rendre au temple pour y offrir des sacrifices d’animaux.

Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé : alors qu’est-ce qui plaît à Dieu, que peut-on lui offrir ? Un esprit brisé ?? Voilà qui nous interroge… Dieu prend-il plaisir devant un « souffle brisé » ? Un esprit abattu ?

tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé : le verbe employé ici nous éclaire déjà plus : « tu ne repousses pas ». Non pas que Dieu se plaise à recevoir ce genre de sacrifice, mais il l’accueille. Et d’autres psaumes nous disent dans quel but : le psaume 33 (v.19) affirme que Dieu est proche des cœurs brisés et des esprits abattus, qu’il les sauve ! Et le psaume 146 (v.3) dit qu'il guérit les cœurs brisés et panse leurs blessures. Et si, ce qui plaisait vraiment à Dieu, c’était de nous voir nous tourner vers lui, nous approcher de lui, surtout si notre souffle et notre cœur sont en peine… ?

Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem : le priant répète l’attente ardente de tout le peuple : retourner à Jérusalem : c’est de Dieu que viendra alors le bonheur.

Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel : voilà qui peut nous étonner, ce retour aux sacrifices après toute cette démonstration que Dieu n’en veut pas. Si les hommes ont besoin de poser des gestes cultuels, Dieu leur accorde. Le « Alors », répété deux fois, insiste bien sur le changement qui doit avoir lieu. Car un petit mot s’est glissé ici : « justes », tout va donc se jouer dans l’attitude intérieure de ceux qui se présentent ; ils doivent agir avec un cœur sincère, dans la justice et la vérité. Même s’ils reconstruisent le temple, même s’ils y offrent les mêmes taureaux, le temps de l’exil et la réflexion « théologique » que cet éloignement a provoqué font que ce ne sera jamais plus la même chose.

Seigneur Dieu, tu éduques ton peuple, tu lui révèles peu à peu ce qui te plaît, tu accueilles les cœurs broyés, tu les guéris. Béni sois-tu.

dimanche 18 mars 2018

Seigneur, ouvre mes lèvres

Ps 50
16 Libère-moi du sang versé,
Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
17 Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

Viens Esprit Saint, viens en ce matin ouvrir nos lèvres, mets-y le chant de louange.

 Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur : la référence au sang est complexe car les interprétations sont nombreuses : non pas que le priant soit un criminel, sauf si on se souvient que ce psaume est attribué à David qui est appelé « homme de sang » à propos du sang de la maison de Saül qu’il a versé, sans compter celui d’Urie. Cela peut aussi désigner le sang des sacrifices ou encore celui du psalmiste qui redoute la mort… Bien plus importante est l’acclamation qui suit la demande et qui est une profession de foi : « mon Dieu sauveur ».

 et ma langue acclamera ta justice : traduction plus littérale (*) : « de joie, ma langue criera ta justice » : ainsi c’est la joie issue de la certitude du salut qui inspire ce cri du psalmiste qui remplace tous les sacrifices.

Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange : arrêtons-nous à ce verset magnifique qui résonne chaque matin, repris par trois fois au premier office de la journée, comme une demande, un programme pour tout le jour qui s’ouvre. Notre vie sera louange si le Seigneur lui-même nous y prépare à chaque aurore.

Seigneur, je t’en prie encore en ce matin : ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange !

 
(*) : voir « Le psautier de David » de J.-P. Vesco qui inspire en partie ces lectio.

samedi 17 mars 2018

Rends-moi la joie

Ps 50
14 Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.
15 Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.

Viens Esprit Saint, viens nous soutenir, viens nous enseigner.

Rends-moi la joie d'être sauvé : elle est belle cette demande : le priant n’attend pas un salut lointain, il sait qu’il est déjà sauvé, que cette joie peut le rejoindre sur le moment : il le sait parce qu’il l’a déjà connue : « rends-moi la joie ». Il sait aussi les « conditions », il vient de les énumérer dans sa prière : il compte sur son Dieu qui lui apprend la sagesse (v.8),  le purifie et le lave (v. 9), le renouvelle et le raffermit (12).

que l'esprit généreux me soutienne : quel est cet esprit qualifié de « généreux » selon la traduction liturgique ? Ailleurs, c’est le souffle saint, ou l’esprit de sainteté. Ce mot ne se retrouve que chez Esaïe (63,10-14) à propos de l’esprit saint qui avait été mis au milieu du peuple en exode pour le conduire à travers le désert.  C’est le souffle que Dieu accorde à l’homme pour le diriger sur le juste chemin, c’est une participation à la sainteté même de Dieu. Ainsi ce souffle est à la fois « ferme », « saint », mais aussi « noble » et « généreux ».

 Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins : il incite à se donner, à se tourner vers les autres… à devenir enseignant…

vers toi, reviendront les égarés : ainsi, les pécheurs, les « égarés » (encore un terme évocateur), retrouveront eux aussi les chemins du Seigneur, eux aussi connaîtront la joie d’être sauvés !

Seigneur Dieu, de toi nous recevons chaque jour le salut, fais-nous connaître et partager cette joie d’être sauvés, fais-nous percevoir cette merveille de ta bonté.

jeudi 15 mars 2018

Sur le chemin qu'il aura pris

Ps 49
22 Comprenez donc, vous qui oubliez Dieu :
sinon je frappe, et pas de recours !
23 Qui offre le sacrifice d'action de grâce,
celui-là me rend gloire :
sur le chemin qu'il aura pris,
je lui ferai voir le salut de Dieu.

Viens Esprit Saint, viens nous ouvrir à la parole, qu’elle nous guide chacun sur notre chemin.

Comprenez donc, vous qui oubliez Dieu : sinon je frappe, et pas de recours : l’oubli de Dieu est le danger qui guette Israël, qui guette tout homme. Alors, Dieu ne cesse d’appeler… et il menace aussi.  Si Dieu condamne, tout espoir est perdu. « De peur qu’l n’y ait personne pour sauver » disent certaines traductions.

Qui offre le sacrifice d'action de grâce, celui-là me rend gloire : avec la reprise du verset 14, ré-insistance sur le lien entre l’action de grâce et la louange de gloire, avant de conclure le psaume.

sur le chemin qu'il aura pris, je lui ferai voir le salut de Dieu : les traductions concernant ce chemin sont multiples et pleines de nuances. Soit Dieu prépare le chemin, trace le chemin, rappelle l’homme sur le droit chemin. Soit, comme ici, on peut comprendre que Dieu rejoint l’homme sur son propre chemin, et, là même, lui fera connaître son salut. Il s’agit donc d’une relation personnelle entre Dieu et son fidèle.  Le psaume suivant nous dira où est ce chemin en révélant l’attitude spirituelle qui plaît à Dieu.

Seigneur Jésus, manifeste-nous ton salut, accompagne-nous sur nos chemins, sois notre compagnon, notre Dieu à qui nous rendons gloire.

mercredi 14 mars 2018

Je t’accuse

Ps 49
16 Mais à l'impie, Dieu déclare :
« Qu'as-tu à réciter mes lois,
à garder mon alliance à la bouche,
17 toi qui n'aimes pas les reproches
et rejettes loin de toi mes paroles ?
18 Si tu vois un voleur, tu fraternises,
tu es chez toi parmi les adultères ;
19 tu livres ta bouche au mal,
ta langue trame des mensonges.
20 Tu t'assieds, tu diffames ton frère,
tu flétris le fils de ta mère.
21 Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence ?
Penses-tu que je suis comme toi ?
Je mets cela sous tes yeux, et je t'accuse. »

Viens Esprit Saint, permets que nous ne rejetions jamais tes paroles, fais qu’elles restent présentes en nos cœurs et en nos actes.

Mais à l'impie, Dieu déclare : pour la 3e fois dans ce psaume (versets 1 – 7 – 16), le verset d’introduction annonce que Dieu parle. Mais l’interlocuteur et le sujet ont changé. Ce n’est plus à l’assemblée de ses fidèles, qu’il avait d’ailleurs fait convoquer, c’est aux « impies ». Ou plus exactement à « l’impie » car le reproche est personnel. Ce n’est plus à propos des sacrifices mais du respect même de l’alliance.

Qu'as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à la bouche : ainsi ces « impies » ne sont certes pas les païens, car ceux-là connaissent la loi, mieux, ils la récitent, ils font référence à l’Alliance, mais seulement en paroles. L’alliance est sur leurs lèvres, pas dans leur cœur. Ils font en quelque sorte outrage à l’Alliance en l’utilisant simplement comme un moyen pour être reconnus, intégrés dans la société religieuse de leur temps.

toi qui n'aimes pas les reproches et rejettes loin de toi mes paroles : l’alliance n’est pas non plus dans leurs actes. Le problème est moins dans leurs défaillances que dans leur obstination à fermer leur conscience, … à fermer leurs oreilles aux paroles de Dieu qui continuent à tenter de les ramener. Car ces « reproches » ne cherchent pas à humilier ni même à juger ; mais à « corriger » leur chemin, à « éduquer », conduire sur la bonne voie.

Si tu vois un voleur, tu fraternises, tu es chez toi parmi les adultères : qu’est-il reproché à l’impie ? Il n’est pas accusé de vol ou d’adultère, « seulement » de pactiser avec les coupables. Certaines traductions, telle la « septante » indiquent quand même une complicité : « tu courais avec le voleur »

tu livres ta bouche au mal, ta langue trame des mensonges : en fait les seuls péchés dont Dieu l’accuse formellement sont ceux de la parole : mensonges…

Tu t'assieds, tu diffames ton frère, tu flétris le fils de ta mère : … diffamation, calomnie… ce sont des péchés graves (et considérés comme plus graves encore à l’égard d’un parent proche). Ils peuvent « tuer » moralement leur victime.

Voilà ce que tu fais ; garderai-je le silence : devant de telles paroles destructrices, Dieu, lui non plus, ne gardera pas le silence.

Penses-tu que je suis comme toi : mais ses paroles seront pour la vie et non pour la mort.

Je mets cela sous tes yeux, et je t'accuse : Dieu veut la lucidité de son peuple : il invite Israël à prendre conscience de ce qui se passe, le psalmiste est le prophète qui appelle sans cesse à la fidélité.
 

Seigneur Dieu, tu es le Dieu qui ne désespère jamais de nous, quels que soient nos détours tu veilles sur nous, tu nous parles sans cesse, tu guettes notre retour. Béni sois-tu !