vendredi 12 janvier 2018

Amis et compagnons



Ps 37, 12-15
« (v. 12) Amis et compagnons se tiennent à distance,
Et mes proches, à l’écart de mon mal.
(v. 13) Ceux qui veulent ma perte me talonnent,
Ces gens qui cherchent mon malheur ;
Ils prononcent des paroles maléfiques,
Tout le jour ils ruminent leur traîtrise.
(v. 14) Moi, comme un sourd, je n’entends rien,
Comme un muet, je n’ouvre pas la bouche,
(v. 15) Pareil à celui qui n’entend pas,
Qui n’a pas de réplique à la bouche »

En ces quelques versets, le psalmiste poursuit l’expression de sa souffrance. A présent, elle se décline en termes relationnels. Une double réaction est ainsi dénoncée. D’un côté, les « amis, compagnons et proches », qui « se tiennent à distance », « à l’écart de (son) mal ».
De l’autre, ceux dont les intentions sont malfaisantes, « qui veulent (sa) perte, cherchent (son) malheur » : eux qui « talonnent, prononcent des paroles maléfiques, ruminent leur traîtrise ».
De part et d’autre, la poursuite malveillante, la prise de distance, l’abandon. Les seules paroles entendues sont « maléfiques » et vectrices de traîtrise.
Le psalmiste ne ressent que solitude et isolement.

Les versets 14 et 15 font connaître l’autre versant, à savoir la réaction du psalmiste. On aurait pu entendre une révolte, une colère, un cri.
Au contraire, le psalmiste s’identifie à un sourd qui « n’entend rien » ; à un muet « qui n’ouvre pas la bouche ».

Cela fait écho à un auteur du 4e siècle, Jean Cassien, source privilégiée de la Règle de notre fondateur St Benoît, qui prescrivait de telles attitudes : être aveugle vis-à-vis du « moins édifiant » ; être sourd vis-à-vis des comportements désordonnés des autres ; être muet face aux injures et aux outrages (Institutions, IV, n° 40).
Une triple attitude certes peu aisée, mais qui permet de ne pas renforcer la spirale de la violence. Attitude aussi qui confirme ce que le psalmiste disait au verset 10 « Seigneur, tout mon désir est devant toi, et rien de ma plainte ne t’échappe ». Cette surdité et ce mutisme donnent la preuve de sa confiance. Rendre à Dieu l’occasion d’exercer la justice, au lieu de la rendre soi-même, avec le risque de verser dans le centuple…

Seigneur, même dans les situations les plus extrêmes, où je me sens seul(e), abandonné(e) de tou(te)s, ton Esprit m’inspire une attitude de confiance.
Malgré des apparences parfois bien contraires, le plus important, mon essentiel est sain et sauf… et ne me sera jamais enlevé : Tu es là !

lectio partagée par sr M Jean

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