Jusqu'où ?

Au maître de chant, cantique de David.

Jusqu’où, Seigneur, m’oublieras-tu sans cesse ?

Jusqu’où cacheras-tu loin de moi ta face ?

Jusqu’où mettrai-je

des ruminations dans mon âme

du chagrin dans mon cœur

jour après jour ?

Jusqu’où se dressera mon ennemi contre moi ?

Psaume 12 (13), 1-3

Viens Esprit de Dieu, viens illuminer mon cœur, viens habiter mes pensées.

Que ma lecture de la Parole soit guidée par toi.

Au maître de chant, cantique de David.

Jusqu’où, Seigneur, m’oublieras-tu sans cesse ?

Quatre « jusqu’où » scandent la plainte du priant. « Jusqu’où » que l’on pourrait aussi traduire « jusques à quand ». Le psalmiste pleure devant son Dieu, il est dans l’excès, la douleur le submerge, et se demande, et demande au Seigneur, jusqu’où cette douleur peut l’étreindre, jusqu’où cette douleur peut l’atteindre, l’écraser, jusqu’où il peut être abandonné…

Le plaignant se trouve comme seul, abandonné face à la douleur qui le submerge, il se demande où est son Dieu ? que fait-il ? l’a-t-il oublié ? On pense au « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » de Jésus sur la croix.

Jusqu’où cacheras-tu loin de moi ta face ?

Autre expression du sentiment d’abandon qui habite le psalmiste. Alors que le psalmiste vit de l’Alliance avec son Dieu, voici qu’il a le sentiment que son Dieu l’abandonne, ne le regarde plus, ne se laisse plus regarder, atteindre par la prière de son pauvre. Alors le psalmiste interroge : jusqu’où ??? Cette question résonne et se perd au loin, dans ce vide abyssal où se perd le psalmiste, en sa souffrance.

Jusqu’où mettrai-je

des ruminations dans mon âme

du chagrin dans mon cœur

jour après jour ?

Deuxième aspect de cette détresse. Non seulement elle semble avoir mis de la distance entre Dieu et son fidèle, mais le fidèle lui-même est traversé de pensées négatives, cela rumine en lui. Le chagrin tourne en lui, jour après jour. Il est comme pris dans une spirale de négativité. La tristesse comme une vague immense le submerge, l’anéantit. Il n’a plus d’autre horizon que sa tristesse.

Jusqu’où se dressera mon ennemi contre moi ?

Troisième aspect : l’ennemi, dont il ne précise pas l’identité (ce peut être un humain, comme ce peut être une épreuve, une maladie, …) l’ennemi se dresse contre lui, et semble l’emporter.

Ainsi trois détresses sont conjointes ici : l’éloignement de Dieu, le tourment intérieur, l’ennemi extérieur. La peine semble sans fin. Le psalmiste pleure devant son Dieu.

Seigneur, apprends-nous à déposer ainsi devant toi nos peines, nos détresses. Donne-nous foi en ta présence en toutes circonstances, même si parfois peut naître en nous le sentiment d’abandon. Seigneur, apprends-nous aussi à t’écouter nous dire : jusqu’où m’oublieras-tu ? jusqu’où me cacheras-tu ton visage. Permets, que nous vivions toujours en ta présence.