mardi 11 octobre 2016

Un peuple malveillant

Esther (grec) B
1 De cette lettre, voici la copie : « Le Grand Roi Artaxerxès, aux ministres et préfets subalternes des cent vingt-sept provinces depuis l’Inde jusqu’à l’Ethiopie, écrit ce qui suit :
2 « Moi qui étends mon empire sur nombre de nations et ma puissance sur la terre entière, j’ai voulu – sans me laisser griser par l’orgueil du pouvoir, mais au contraire en gouvernant toujours avec bienveillance et assez de modération – maintenir en tout temps sans remous la vie de mes sujets, rendre le royaume civilisé et praticable jusqu’aux frontières, restaurer la paix à laquelle tous les hommes aspirent.
3 « Lorsque j’ai consulté mes conseillers pour savoir comment atteindre ces objectifs, celui qui, parmi nous, s’est distingué par la sagesse, qui a constamment donné la preuve de ses bons offices et d’une fidélité sûre, qui a obtenu le titre de second personnage du royaume, Haman, 4nous a montré que, parmi toutes les tribus répandues sur la terre, se trouve mêlée une espèce de peuple malveillant, opposé par ses lois à toute nation, des gens qui rejettent continuellement les ordonnances royales pour que ne s’établisse pas le gouvernement commun que nous dirigeons avec droiture et de façon irréprochable.

Viens Esprit Saint, viens Esprit de paix, viens faire régner la fraternité en nos cœurs.

De cette lettre, voici la copie : nous lisons ici un deuxième chapitre (« B ») dû totalement à un traducteur grec et qui est inséré dans le chapitre 3. Nous constatons l’importance des écrits dans le livre d’Esther. Déjà l’acte de loyauté de Mardochée (qui dénonça le complot contre le roi) fut mis par écrit à la fois par le roi et par Mardochée. Cet écrit-là sera porteur de vie… Mais la lettre que nous allons lire est porteuse de mort.

Le Grand Roi Artaxerxès, aux ministres et préfets subalternes des cent vingt-sept provinces depuis l’Inde jusqu’à l’Ethiopie, écrit ce qui suit : gardons en mémoire que c’est bien Haman qui écrit ! Il saura manier aussi bien la flatterie que la vantardise. Nous allons voir que le style de cette lettre est bien différent de celui du reste du livre (sauf « E »). Difficile de faire plus emphatique ! Ton qui est sans doute au service de la démonstration d’Haman mais indique aussi très probablement un rédacteur encore ultérieur.

Moi qui étends mon empire sur nombre de nations et ma puissance sur la terre entière, j’ai voulu – sans me laisser griser par l’orgueil du pouvoir, mais au contraire en gouvernant toujours avec bienveillance et assez de modération – maintenir en tout temps sans remous la vie de mes sujets, rendre le royaume civilisé et praticable jusqu’aux frontières, restaurer la paix à laquelle tous les hommes aspirent : quand on fait (soi-disant) son propre éloge…, et quand on le fait en plus à outrance… c’est à prendre exactement à revers ! Toutes ces visées de paix vont être parfaitement bafouées.

Lorsque j’ai consulté mes conseillers pour savoir comment atteindre ces objectifs, celui qui, parmi nous, s’est distingué par la sagesse, qui a constamment donné la preuve de ses bons offices et d’une fidélité sûre, qui a obtenu le titre de second personnage du royaume, Haman : après le portrait du roi, celui de son fidèle conseiller, dans le même style !

nous a montré que, parmi toutes les tribus répandues sur la terre, se trouve mêlée une espèce de peuple malveillant, opposé par ses lois à toute nation, des gens qui rejettent continuellement les ordonnances royales pour que ne s’établisse pas le gouvernement commun que nous dirigeons avec droiture et de façon irréprochable : il charge bien sûr le peuple juif de tous les maux, mais sans le citer. Il en fait une menace pour le royaume même, et donc pour chacun. Ce faisant, il attise adroitement un sentiment d’insécurité qui est bien intemporel !
Il n’est pas sûr que la copie de cette lettre apporte vraiment quelque chose au récit, si ce n’est de caricaturer au maximum les protagonistes, et cela du point de vue d’Haman.


Seigneur Dieu, je te prie avec tous les peuples, toutes les personnes victimes des violents : Pourquoi, Seigneur, es-tu si loin ? Pourquoi te cacher aux jours d'angoisse ? L'impie, dans son orgueil, poursuit les malheureux : ils se font prendre aux ruses qu'il invente. (Ps 9b)

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