samedi 31 décembre 2016

Tiens bon

Es 41
1 Tenez-vous en silence devant moi, vous les îles
et que les populations retrempent leur énergie ;
qu’elles approchent et qu’alors elles parlent !
Allons ensemble en jugement nous affronter :
2 Qui a fait surgir du levant un Justicier,
l’appelle sur ses pas,
soumet devant lui les nations,
abaisse les rois,
multiplie comme poussière ses gens d’épée,
comme paille en ouragan ses lanceurs de flèches,
3 si bien qu’il traque les autres et passe outre, indemne,
sans mettre le pied à terre ?
4 Qui a réalisé et exécuté ?
– Celui qui appelle les générations depuis l’origine :
Moi, je suis le SEIGNEUR, le premier,
et serai tel encore auprès des derniers.
5 Les îles le voient : elles sont dans la crainte,
les extrémités de la terre sont tremblantes,
elles suivent l’affaire de près, elles se sont mises en mouvement.
6 Chacun aide son compagnon
et dit à son camarade : « Tiens bon ! »
7 Le ciseleur tient en haleine le mouleur,
le polisseur au marteau, celui qui bat l’enclume ;
il dit du joint : « C’est bon »,
et avec des pointes il le fait tenir
pour qu’il ne branle pas.

Viens Esprit Saint, viens nous révéler quelle est la puissance de notre Dieu.

Tenez-vous en silence devant moi, vous les îles : qui parle ? On peut bien supposer que c’est Dieu lui-même et cela nous sera confirmé. A qui s’adresse-t-il ? Aux « îles », et nous venons de voir (40,15) qu’elles représentent les peuples lointains, en opposition avec le peuple d’Israël.

et que les populations retrempent leur énergie ; l’expression fait écho au verset 40,30 mais là c’était une promesse faite à ceux qui espèrent dans le Seigneur… ici c’est plutôt un ordre afin d’avoir l’audace de s’en approcher.

qu’elles approchent et qu’alors elles parlent : faut-il se taire ou parler ? Se tenir en silence ou élever la voix ?

Allons ensemble en jugement nous affronter : mais il s’agit à nouveau d’un défi, de la mesure de la puissance de chacun, même d’une confrontation. Dieu propose d’y aller « ensemble », a priori sur un pied d’égalité avec toutes les populations. Mais voici que vont à nouveau pleuvoir les questions.

Qui a fait surgir du levant un Justicier, l’appelle sur ses pas, soumet devant lui les nations, abaisse les rois, multiplie comme poussière ses gens d’épée, comme paille en ouragan ses lanceurs de flèches, si bien qu’il traque les autres et passe outre, indemne, sans mettre le pied à terre : est tracé ici le portrait d’un puissant « justicier », mot que l’on pourrait entendre comme un « juge » ou même, communément, comme celui qui apporte la vengeance ! Mais ce Justicier n’est-il pas plutôt le « porteur de Justice », le Juste qui s’avance pour accomplir sa mission vis-à-vis de toutes les nations ?

Qui a réalisé et exécuté ? Celui qui appelle les générations depuis l’origine : toujours cette invitation à reconnaître l’action de Dieu défini cette fois comme le créateur, celui qui depuis toujours appelle à la vie.

Moi, je suis le SEIGNEUR, le premier, et serai tel encore auprès des derniers : voilà d’ailleurs qu’il le déclare lui-même, répondant à sa propre question : Le Seigneur est Dieu de toujours à toujours.

Les îles le voient : elles sont dans la crainte, les extrémités de la terre sont tremblantes, elles suivent l’affaire de près, elles se sont mises en mouvement : quelle est la réaction des peuples devant une telle démonstration ? Ils ont peur et « suivent l’affaire de près » ! Mais elles se mettent aussi en mouvement… dans quelle direction ?

Chacun aide son compagnon et dit à son camarade : « Tiens bon ! » : la réaction n’est sans doute pas celle qu’on attendait : pas de fuite, pas d’agressivité, mais… la solidarité : des compagnons qui s’entraident, qui s’encouragent.

Le ciseleur tient en haleine le mouleur, le polisseur au marteau, celui qui bat l’enclume ; il dit du joint : « C’est bon », et avec des pointes il le fait tenir pour qu’il ne branle pas : tous sont unis dans le travail, l’œuvre dépend du savoir-faire de chacun, ils le savent et se stimulent mutuellement. Non seulement les artisans, mais le joint lui-même est félicité : « c’est bon » lui dit-on, car il faut qu’il tienne afin que l’œuvre de branle pas….. comme les idoles (40,20). Nous touchons du doigt toute leur « bonne volonté ». Et s’achève ainsi cette longue tirade à l’adresse des peuples qui sont dépeints ici comme « loin » de Dieu.


Seigneur Dieu, devant toi nul homme ne peut tenir, mais nous ne venons pas nous mesurer avec toi, nous venons nous tenir en silence devant toi, contempler ta grandeur de serviteur, nous sentir solidaire de tous nos frères proches ou lointains. Accompagne-nous en ce jour.

jeudi 29 décembre 2016

Ils s'élancent

Es 40
30 Ils faiblissent, les jeunes, ils se fatiguent,
même les hommes d’élite trébuchent bel et bien !
31 Mais ceux qui espèrent dans le SEIGNEUR retrempent leur énergie :
ils prennent de l’envergure comme des aigles,
ils s’élancent et ne se fatiguent pas,
ils avancent et ne faiblissent pas !


Viens Esprit Saint, viens, Esprit de force et de persévérance, viens raviver notre espérance.


Ils faiblissent, les jeunes, ils se fatiguent, même les hommes d’élite trébuchent bel et bien : on a beau être jeune, on a beau être fort, être parmi les meilleurs, vient un moment où l’homme est confronté à sa limite, où l’affaiblissement aboutit à la chute, où l’élan est stoppé net. Que peut l’homme par lui-même ?

Mais ceux qui espèrent dans le SEIGNEUR retrempent leur énergie : la grandeur ne réside pas dans la force mais dans l’espérance ! Celui qui sait mettre son espoir dans le Seigneur voit surgir en lui des capacités inconnues.

ils prennent de l’envergure comme des aigles : il s’émerveille alors de ce que Dieu suscite en lui, il voit l’action de Dieu à travers lui, il se déploie dans la main de son Dieu.

ils s’élancent et ne se fatiguent pas, ils avancent et ne faiblissent pas : sur son chemin, l’homme d’espérance ne craint plus la fatigue ni la faiblesse : il sait ce qui le porte et le rend toujours capable de poursuivre sa course. « Avance, légère et joyeuse » recommandait Claire d’Assise.

Seigneur Dieu, que ton espérance nous mette en route chaque matin, confiants en ta présence aimante : donne-nous de marcher tout au long de ce jour, et, si nous n’en pouvons plus, c’est encore toi qui nous porteras. Béni sois-tu !




mercredi 28 décembre 2016

N'as-tu pas entendu ?

Es 40
27 Jacob, pourquoi dis-tu,
Israël, pourquoi affirmes-tu :
« Mon chemin est caché au SEIGNEUR,
mon droit échappe à mon Dieu. »
28 Ne sais-tu pas, n’as-tu pas entendu ?
Le SEIGNEUR est le Dieu de toujours,
il crée les extrémités de la terre.
Il ne faiblit pas, il ne se fatigue pas ;
nul moyen de sonder son intelligence,
29 il donne de l’énergie au faible
il amplifie l’endurance de qui est sans forces.

Viens Esprit Saint, donne-nous d’entendre cette parole qui nous dévoile qui est notre Dieu.

 Jacob, pourquoi dis-tu, Israël, pourquoi affirmes-tu : Mon chemin est caché au SEIGNEUR, mon droit échappe à mon Dieu : l’auteur apostrophe le peuple, il s’en prend à celui qui se plaint de « l’absence de Dieu », à celui qui dit à Dieu : c’est pour rien que je me suis fatigué, que j’ai épuisé mon énergie (49,4). « Où est-il ton Dieu ? » dit-on autour de lui…

Ne sais-tu pas, n’as-tu pas entendu ? : question issue d’un étonnement : le prophète n’arrête pas de le répéter, est-ce possible que tu n’aies pas entendu ? Hélas oui, et cette surdité menace chacun.

Le SEIGNEUR est le Dieu de toujours : puisque l’homme ne le sait pas encore, la mission du prophète est de lui répéter une fois de plus qui est son Dieu : il est le Dieu fidèle,

il crée les extrémités de la terre : le Dieu créateur,

Il ne faiblit pas, il ne se fatigue pas : le Dieu plein de force et de puissance,

nul moyen de sonder son intelligence : le Dieu sage dont nul ne connaît la pensée, que nul ne peut conseiller,

il donne de l’énergie au faible, il amplifie l’endurance de qui est sans forces : le Dieu qui se tourne vers le faible et de qui vient toute énergie. Ainsi celui qui se plaignait est précisément celui qui peut recevoir force et courage de son Dieu, la seule condition est qu’il ne compte pas sur ses propres forces…

Seigneur Jésus, tous mes chemins te sont familiers… aucun d’eux ne t’échappe. Que cette certitude me donne de prendre appui sur ta présence et ta force.



mardi 27 décembre 2016

Par leur nom

Es 40
22 Lui, il habite, sur le dôme couvrant la terre
dont les habitants font figure de sauterelles !
Il a tendu les cieux comme un rideau,
il les a déployés comme une tente pour y habiter.
23 Il réduit à rien les chefs d’Etat,
les juges de la terre, il en fait une nullité ;
24 oui, peu importe qu’ils soient implantés ;
oui, peu importe qu’ils se soient disséminés ;
oui, peu importe que leur souche soit enracinée dans la terre !
Même alors, s’il souffle sur eux, les voilà qui sèchent
et le tourbillon les enlève comme de la paille.
25 « A qui m’assimilerez-vous ?
A qui serai-je identique ? » dit le Saint.
26 Levez bien haut vos yeux
et voyez : qui a créé ces êtres ?
– Celui qui mobilise au complet leur armée
et qui les convoque tous par leur nom.
Si amples sont ses forces, si ferme son énergie,
que pas un n’est porté manquant !


Viens Esprit Saint, donne-nous de reconnaître notre Dieu au cœur de notre émerveillement.


Lui, il habite, sur le dôme couvrant la terre dont les habitants font figure de sauterelles : après la terre, la mer, et tout ce qui les peuple, c’est vers l’univers que nous sommes maintenant invités à regarder. L’auteur y situe la résidence de Dieu, là-haut, sur la voute céleste, lieu le plus lointain, le plus haut, le plus mystérieux. Et de là-haut, oui, les hommes font figure de sauterelles. Si on pourrait le prendre pour du mépris, c’est aussi tout simplement la réalité… au mieux !!

Il a tendu les cieux comme un rideau, il les a déployés comme une tente pour y habiter : le thème de la tente est familier dans la Bible et celui des cieux illustre la grandeur de Dieu. « Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains » (Ps 19,2)

Il réduit à rien les chefs d’Etat, les juges de la terre, il en fait une nullité ;
oui, peu importe qu’ils soient implantés ; oui, peu importe qu’ils se soient disséminés ;
oui, peu importe que leur souche soit enracinée dans la terre !
Même alors, s’il souffle sur eux, les voilà qui sèchent et le tourbillon les enlève comme de la paille :
l’idole branlante menaçait de s’écrouler… mais un simple souffle de Dieu sur les puissants de ce monde les rendra plus légers qu’un fétu de paille qui disparaît au vent.

A qui m’assimilerez-vous ? A qui serai-je identique ? dit le Saint : voilà que Dieu lui-même défie de le comparer. Pourtant sa réponse n’est pas dans la comparaison mais dans une nouvelle question portant sur son action.

Levez bien haut vos yeux et voyez : qui a créé ces êtres ? : invitation à contempler ce qu’il y a de très impressionnant et étonnant : les astres et leur mouvement.

Celui qui mobilise au complet leur armée et qui les convoque tous par leur nom : qui répond ? Le prophète ? Peu importe : voilà quelqu’un qui reconnaît l’œuvre créatrice de Dieu, qui énonce cette relation unique existant entre le créateur et toutes ses créatures : il connaît chacune par son nom ! « Il dénombre les étoiles, sur chacune il met un nom » (Ps 147,4)

Si amples sont ses forces, si ferme son énergie, que pas un n’est porté manquant : que de choses selon évoque en nous… d’abord bien sûr ce bon berger qui connaît chacune de ses brebis par leur nom et s’en va à la recherche de celle qui précisément est temporairement portée manquante.
Ce va et vient entre toutes les créatures, de l’étoile à l’homme, un lied populaire le fait sans doute encore résonner en nom… c’est le « Cantique des étoiles » : il sait quel est leur nombre et ne les oublie pas… Dieu les connaît tous et les aime tous… à fredonner ce jour !!

Seigneur Jésus, je te rends grâce pour le bonheur de savoir que tu me connais par mon nom, que tu connais chacun de mes frères par son nom, que tu connais et aime chacune de tes créatures.



lundi 26 décembre 2016

Ne vous a-t-il pas été annoncé ?

Es 40
18 A qui assimilerez-vous Dieu ?
Que placerez-vous de ressemblant à côté de lui ?
19 L’idole ? c’est un artisan qui l’a coulée ;
mouleur, il plaque sur elle de l’or,
moulant aussi des bandeaux d’argent.
20 Celui qui est plus limité pour sa contribution au culte,
c’est du bois inaltérable qu’il choisit.
Il se cherche un artisan habile
pour dresser une idole qui ne branle pas.
21 Ne savez-vous pas, n’avez-vous pas entendu,
ne vous a-t-il pas été annoncé dès l’origine,
n’avez-vous pas discerné le fondateur de la terre ?

Viens Esprit Saint, que ta parole nous détourne de toutes les idoles qui nous cernent.

A qui assimilerez-vous Dieu ? Que placerez-vous de ressemblant à côté de lui ? : l’auteur poursuit ses arguments en faveur de son Dieu, et cette fois c’est par la comparaison. Il interroge donc : à quoi, à qui comparer Dieu ?!

L’idole ? La réponse est venue comme il l’attendait : comparons les dieux entre eux… comparons le Dieu d’Israël aux autres dieux, aux « faux-dieux », autrement dit aux idoles.

C’est un artisan qui l’a coulée ; mouleur, il plaque sur elle de l’or, moulant aussi des bandeaux d’argent : mais d’abord d’où vient l’idole ? Des mains d’un homme, d’un artisan et déjà, un dieu peut-il être fabriqué par un homme ? Voilà bien l’histoire à l’envers… Les matériaux précieux qui constituent l’idole sont-ils garants de sa véracité ou bien aveuglent-ils précisément ceux qui s’en approchent ?

Celui qui est plus limité pour sa contribution au culte, c’est du bois inaltérable qu’il choisit : les traducteurs déclarent forfait devant cette phrase et surtout le mot qu’il traduisent par « limité » mais qui ne se trouve qu’ici dans la Bible.

Il se cherche un artisan habile pour dresser une idole qui ne branle pas : outre l’or, l’argent, le bois précieux, il faut surtout un artisan qui soit capable de façonner une idole… qui tienne debout ! Que ce ne soit pas « une idole aux pieds d’argile ». Si elle branle, s’incline, elle risque un jour de s’écrouler, de s’écraser en morceaux, révélant ainsi ce qu'elle est réellement : un simple bloc de matière façonné par un homme.

Ne savez-vous pas, n’avez-vous pas entendu, ne vous a-t-il pas été annoncé dès l’origine, n’avez-vous pas discerné le fondateur de la terre ?
L’auteur interroge alors ses lecteurs : est-ce ces idoles qui sont à l’origine de la terre, aux fondements de l’univers ? Avez-vous (enfin) discerné qui en est le fondateur ? Car cela vous a été annoncé ! Il attend cette reconnaissance pour se mettre précisément à en parler.



Seigneur Dieu, oui, nous en avons à nouveau reçu l’annonce en ce Noël : un Sauveur nous est né, un Dieu nous a été donné en ton incarnation. Il nous est annoncé une bonne nouvelle, une grande joie, afin que nous en vivions tout au long des jours.

dimanche 25 décembre 2016

Les nations

Es 40
15 Voici que les nations sont comme une goutte tombant d’un seau !
Elles comptent comme poussière sur la balance.
Voici les îles : comme de la poudre il les soulève.
16 Le Liban ne suffirait pas pour la flambée
et ses bêtes ne suffiraient pas pour l’holocauste.
17 Toutes les nations sont devant lui comme rien ;
elles comptent pour lui comme néant et nullité.


Viens Esprit Saint, en ce jour où nous contemplons notre Sauveur dans la crèche, viens nous révéler la puissance de son amour.


Voici que les nations sont comme une goutte tombant d’un seau : l’auteur vient de démontrer avec force la puissance et la sagesse de Dieu, face à la création tout entière puis face à l’homme. Maintenant, dans le même style poétique et symbolique, il veut démontrer cette puissance en comparaison de la « nullité » des nations. Voici donc les nations comparées à une goutte d’eau… tombant d’un seau ! La « Sagesse » (Sg 11,22) reprendra plus tard cette image mais ce sera… une goutte de rosée matinale tombant sur le sol…

Elles comptent comme poussière sur la balance : insistance avec une autre image, que l’on retrouve elle aussi çà et là dans la Bible – et d’ailleurs dans diverses mythologies -  « en montant sur la balance, à eux tous, ils pèsent moins qu’un souffle » (Ps 62,10) et de nouveau la Sagesse (11,22) « le monde entier est devant toi comme le poids infime retiré des plateaux ». Heureusement cela n’entraine ni mépris ni désintérêt de la part de notre Dieu ! Car si le texte en reste là, celui de la Sagesse, lui, ajoute bien à propos : « tu as pitié de tous » « tu aimes tous les êtres » ; bien sûr, 5 siècles séparent ces deux livres.

Voici les îles : comme de la poudre il les soulève : pourquoi les îles ? Certes Israël n’est pas un peuple insulaire et il n’a aucune expérience d’expédition dans les îles… Elles restent donc des régions mystérieuses et représentent ainsi au mieux les peuples les plus lointains. Elles reviendront d’ailleurs encore une dizaine de fois dans le livre d’Esaïe.

Le Liban ne suffirait pas pour la flambée et ses bêtes ne suffiraient pas pour l’holocauste : pour montrer la grandeur de Dieu, l’auteur a fait appel au ciel et à la terre, à la mer et à ses îles, il ne manquait plus que la flore et la faune que voici. Là où chacun sait combien elles sont les plus riches, c’est au Liban… qui lui-même paraît dès lors quantité négligeable.

Toutes les nations sont devant lui comme rien ; elles comptent pour lui comme néant et nullité : les mots sont rudes et répétés : rien, néant, nullité… et cette fois l’idée n’est pas seulement une comparaison de puissance mais d’un jugement : « elles comptent pour rien », est-ce la croyance de l’auteur ou bien se laisse-t-il emporter dans son désir de rassurer le peuple en démontrant la toute-puissance de son Dieu ?  Il est bon pour nous d’entendre alors la Sagesse : Tu aimes tous les êtres ».


Seigneur Jésus, en ce jour de Noël, c’est devant un petit enfant fragile et vulnérable que nous nous penchons. Où est-elle ta puissance, roi des Nations ? Révèle-nous l’infini de cet amour qui t’a fait rejoindre tes frères les hommes en partageant leur humanité même. Béni sois-tu, toi le Dieu si proche.

samedi 24 décembre 2016

De qui a-t-il pris conseil ?

Es 40
12 Qui a jaugé dans sa paume les eaux de la mer,
dans son empan toisé les cieux,
tassé dans un boisseau l’argile de la terre,
pesé les montagnes sur une bascule
et les collines sur une balance ?
13 Qui a toisé l’esprit du SEIGNEUR
et lui a indiqué l’homme de son dessein ?
14 De qui donc a-t-il pris conseil, qui puisse l’éclairer,
lui enseigner la voie du jugement,
lui enseigner la science
et lui indiquer le chemin de l’intelligence ?


Viens Esprit Saint, viens nous enseigner, nous montrer le chemin d’ l’intelligence.

 Qui a jaugé dans sa paume les eaux de la mer, dans son empan toisé les cieux, tassé dans un boisseau l’argile de la terre, pesé les montagnes sur une bascule et les collines sur une balance ? Esaïe veut rassurer le peuple, lui montrer quel est ce Dieu dans lequel il a mis sa foi. Très poétiquement, il fait à nouveau appel au symbolisme de la nature, on pourrait même dire de l’univers. Par sa voix, Dieu lance un défi à ceux qui osent lui faire des reproches. Créateur et maître du monde, Dieu peut tout : briser les oppresseurs et relever les opprimés. Dans le livre de Job, c’est pendant des chapitres entiers (38 – 39 – 40) que Dieu lance ainsi des défis au pauvre Job qui reconnaîtra l’existence de tant de mystères qui le confondent.

Qui a toisé l’esprit du SEIGNEUR et lui a indiqué l’homme de son dessein ? Dieu est nous seulement puissant, il est aussi sage : et sur ce terrain-là non plus personne ne le surpasse. Après les symboles, voici la relation à Dieu qui est directement l’enjeu du questionnement.

De qui donc a-t-il pris conseil, qui puisse l’éclairer : cette question-là aussi restera toujours présente : « qui a été son conseiller ? » dira Paul (Rm 11,35) en la reprenant aussi de Job (15,8)

lui enseigner la voie du jugement, lui enseigner la science et lui indiquer le chemin de l’intelligence ? « Est-ce à Dieu qu’on enseignera la science ? » demandait aussi déjà Job (21,22). L’homme a de tous temps la tentation de se comparer à Dieu, d’acquérir une sorte de toute-puissance.

Seigneur Dieu, tu nous offres d’avoir part à ta propre vie ; non pas d’entrer en compétition avec toi, mais, tout au contraire, de recevoir l’être et l’existence de tes mains afin que nous devenions de plus en plus à ton image. Nous te rendons grâce pour ce projet que tu as sur chaque Homme.



jeudi 22 décembre 2016

Les agnelets

Es 40
10 voici le Seigneur DIEU !
Avec vigueur il vient, et son bras lui assurera la souveraineté ;
voici avec lui son salaire, et devant lui sa récompense.
11 Comme un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble ;
il porte sur son sein les agnelets, procure de la fraîcheur aux brebis qui allaitent. »

Viens Esprit Saint, au travers de la parole, viens nous révéler le visage de notre Dieu.

voici le Seigneur DIEU : « voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu »… et tout est dit. Entendez-vous cette voix qui vient jusqu’à nous des profondeurs de l’histoire malgré tout ce qui tente de l’arrêter ? De proche en proche, de siècle en siècle, elle vient vers nous avec toute la puissance de conviction que Dieu a mise en elle car elle est sa voix.

Avec vigueur il vient, et son bras lui assurera la souveraineté : oui, il vient. Mais le prophète continue à en profiter pour dessiner le visage de ce Dieu qui s’approche. Après sa fidélité, voici deux autres caractéristiques qui pourraient paraître opposées. Il dépeint d’abord un Dieu puissant, un Dieu dont le bras est plein de force (« il étend le bras du haut du ciel » dit le psaume).

voici avec lui son salaire, et devant lui sa récompense : Dieu est à l’œuvre, il agit, il vient en aide, il libère ; plutôt que récompense on pourrait traduire par « action », « œuvre » : Dieu est présent et agissant.

Comme un berger il fait paître son troupeau, de son bras il rassemble : après avoir décrit ce Dieu fort, le texte bascule vers un Dieu humble, un Dieu berger. Bien sûr les rois eux-mêmes étaient désignés par ce terme de pasteur, et déjà Ezéchiel avait longuement décrit le Dieu berger (ch. 34) en opposition avec les bergers d’Israël et leur troupeau dispersé… eux qui ne cherchaient pas la bête perdue…

il porte sur son sein les agnelets, procure de la fraîcheur aux brebis qui allaitent : l’auteur pousse encore plus loin la description de ce berger qui, non seulement, veille efficacement sur son troupeau, mais prend un soin tout attentif et même plein de tendresse pour chacune de ses bêtes et spécialement des plus faibles : l’agneau nouveau-né, la mère qui allaite son petit.


Seigneur Jésus, tu t’es désigné toi-même comme le bon berger, celui qui connaît chacune de ses brebis par son nom, celui qui n’en abandonne aucune… Joie de faire partie tous ensemble d’un tel troupeau, d’être conduits par un tel berger ! Nous t’en rendons grâce.

mercredi 21 décembre 2016

Joyeuse messagère

Es 40

9 Quant à toi, monte sur une haute montagne,
Sion, joyeuse messagère,
élève avec énergie ta voix,
Jérusalem, joyeuse messagère
élève-la, ne crains pas,
dis aux villes de Juda :
Voici votre Dieu.

Viens Esprit Saint, viens proclamer la bonne nouvelle en nos cœurs, permets-nous de la porter autour de nous.


Quant à toi, monte sur une haute montagne : la « proclamation » transmise, voici qu’un nouvel acteur entre en jeu : à son tour, il reçoit ordre de proclamer une parole et afin qu’elle soit entendue de tous, cela doit se faire depuis le sommet des montagnes.

Sion, joyeuse messagère : il s’agit de Sion… celle-là même à laquelle Dieu s’est déjà adressé au verset 2, mais c’était alors pour être réconfortée, pour entendre la nouvelle de la fin de sa peine. Dépositaire de cette bonne nouvelle (« messagère » pourrait se traduire par « porteuse de la bonne nouvelle, de l’évangile »), la voilà mandatée pour devenir prophète à son tour. Bien mieux encore, elle qui avait tant besoin d’être consolée, la voici remplie de joie.

élève avec énergie ta voix : la nouvelle doit être entendue, elle doit être proclamée haut et fort.

Jérusalem, joyeuse messagère : notre auteur-poète répète cette belle désignation : Sion est maintenant « joyeuse messagère » : elle est la première à avoir entendu, à recevoir, à vivre du message qu’elle apporte et qui la comble de joie.

élève-la, ne crains pas : nouvelle répétition : « élève la voix », et elle peut le faire sans rien craindre : elle est complètement libérée, même de sa peur.

dis aux villes de Juda : après ces ordres et recommandations, voici énoncés les destinataires : les villes du pays de Juda qui entourent Jérusalem.

Voici votre Dieu : et pour terminer, le contenu du message, qui commence par ces mots, source de sa joie : « Voici votre Dieu ».


Seigneur Jésus, fais de nous de joyeux messagers !

mardi 20 décembre 2016

La parole de notre Dieu

Es 40
6 Une voix dit : « Proclame ! »,
l’autre dit : « Que proclamerai-je ? »
– « Tous les êtres de chair sont de l’herbe
et toute leur constance est comme la fleur des champs :
7 l’herbe sèche, la fleur se fane
quand le souffle du SEIGNEUR vient sur elles en rafale.
Oui, le peuple, c’est de l’herbe :
8 l’herbe sèche, la fleur se fane,
mais la parole de notre Dieu subsistera toujours ! »


Viens Esprit Saint, viens annoncer en nos cœurs la fidélité de notre Dieu, la solidité de sa parole.

Une voix dit : Proclame ! : voilà que réintervient « une voix » ; est-ce la même (v. 3) ? Cette fois elle ne proclame plus elle-même mais donne l’ordre de proclamer.

l’autre dit : Que proclamerai-je ? : et maintenant une autre voix… il nous est toujours loisir d’imaginer de qui sont ces voix ; plutôt que « l’autre », plusieurs versions ont lu « je dis », et ce serait dès lors la voix du prophète, répondant à celle de Dieu.

Tous les êtres de chair sont de l’herbe et toute leur constance est comme la fleur des champs : voici donc ce qui est à proclamer : la fragilité de tout vivant ; pourtant les vivants sont capables de « constance », mot capital (de l’hébreu hèsèd) qui désigne l’alliance, la bonté fidèle, l’amour indéfectible.

l’herbe sèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR vient sur elles en rafale : le vivant doit recevoir tout de son créateur, c’est lui qui le maintient en vie : s’il ne compte que sur lui-même, il dépérit.

Oui, le peuple, c’est de l’herbe : l’herbe sèche, la fleur se fane : l’insistance nous prépare au  contraste qui vient.

mais la parole de notre Dieu subsistera toujours ! : les vivants sont fragiles, éphémères, tout à l’opposé de la parole du Seigneur qui, elle, est de toujours. C’est la parole « de notre Dieu », c’est en peuple, « tous les êtres de chair ensemble », que nous accueillons la Parole, le Verbe. Car c’est la fidélité de Dieu même qui s’exprime dans la permanence de sa parole : « A jamais, Seigneur, ta parole, ta fidélité dure d’âge en âge » (Ps 119, 89)

Seigneur Dieu, ton prophète nous dévoile peu à peu ton visage. Béni sois-tu d’être notre Dieu, d’être ce Dieu fidèle dont la parole ne cessera d’être une lampe sur notre route.

lundi 19 décembre 2016

Tous les êtres ensemble

Es 40
3 Une voix proclame :
« Dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR,
nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu.
4 Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées,
que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée !
5 Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée
et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé. »

Viens Esprit Saint, prépare en nos cœurs la route pour notre sauveur, que la parole nous y guide.


Une voix proclame : voilà déjà une deuxième proclamation, parole de prophète, même si cette voix reste anonyme. Dans le 4e évangile, Jean le baptiste se définit lui-même comme la voix qui crie, c’est elle qui proclame ces mots.

Dans le désert : quelle est la place du désert ici ? Pourquoi cette référence ? Le retour d’exil sera vu par les prophètes, et spécialement par Esaïe, comme un second exode : la sortie d’Egypte et la traversée du désert qui s’ensuit est le chemin libérateur qui avait sauvé le peuple de l’esclavage.

dégagez un chemin pour le SEIGNEUR : ici, le texte parle bien d’ouvrir un chemin dans le désert. Pourtant, lorsque les évangélistes ont repris ce passage, ils rattachèrent tous « dans le désert » à « voix »  et non pas à « dégagez » comme le fait le texte hébreu. La référence devient ainsi ce désert où la parole fut adressée à Jean-Baptiste. Pour le prophète / poète Esaïe, le désert est peut-être simplement un élément de cet environnement qui va continuer à défiler : désert, steppe, vallon, montagne,…

nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu : car il s’agit bien avant tout de préparer un chemin pour que Dieu s’y avance, d’être prêts à y marcher à sa rencontre.

Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée : que deviendraient alors nos beaux paysages… mais le prophète déroule ce scénario afin de figurer autant qu’il le peut que rien ne peut faire obstacle à l’intervention de Dieu. Pour venir nous sauver, il attend d’être reconnu, désiré, accueilli.

Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée : le mot gloire est un des fils rouges du Livre qu’il est important de relever car ces mots nous en donnent vraiment les clés. Le réconfort promis (« Consolez ») apporte plus que la délivrance du malheur et une vie paisible. Ce réconfort est le reflet de la clarté même de Dieu, de sa « gloire », mot répété 7 fois dans le livre et qui signifie d’abord « poids » en hébreu.

et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé : le Dieu qui « pèse lourd » va donner à Israël de « peser lourd » à son tour afin de manifester cette gloire à toute chair : ainsi est déjà annoncé l’universalisme qui va apparaître de plus en plus dans le livre. Une véritable notion de communauté est aussi déjà exprimée (ensemble, autre mot-clé répété 19 fois dans le livre). Ainsi tous « verront » (attesteront) de la parole sortie de la bouche même de Dieu.


Viens, Seigneur Jésus, viens nous sauver. Permets-nous de dégager ton chemin en nos vies, que rien ne mette obstacle à ta venue. Que nous soyons prêts à t’accueillir, ensemble.

dimanche 18 décembre 2016

Parlez au coeur

Es 40
2 Parlez au cœur de Jérusalem
et proclamez à son adresse
que sa corvée est remplie,
que son châtiment est accompli,
qu’elle a reçu de la main du SEIGNEUR
deux fois le prix de toutes ses fautes.

Viens Esprit Saint, viens nous rendre attentifs à la voix de celui qui parle à notre cœur et annonce notre libération.

Parlez au cœur de Jérusalem : « parler au cœur » ou « sur le cœur » est une belle expression que l’on retrouve plusieurs fois dans le premier testament et notamment associée au verbe réconforter. Nous savons que le cœur n’y désigne pas seulement le sentiment, mais tout l’être, avec sa volonté et son intelligence. Chez Osée (2, 16), nous avons lu ce verset splendide : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur », littéralement « sur le cœur », exprimant ainsi l’intimité de la relation.
Et c’est à Jérusalem qu’il faut parler : la cité sainte, la demeure de Dieu, la ville qui va être le pôle de ces chapitres, le lieu de tous les espoirs de retour. Mais « Jérusalem » - ou Sion - , c’est aussi le peuple de Dieu au temps d’Esaïe comme au temps d’aujourd’hui. Nous sommes son peuple !

et proclamez à son adresse : il y a une « proclamation » à faire, une parole déterminante à faire connaître à tous.

que sa corvée est remplie, que son châtiment est accompli : si, selon la lecture des événements au temps des prophètes, la déportation est une punition de Dieu pour l’infidélité d’Israël, on voit aussi qu’il y a un « après », un temps où se termine la sentence. Le mot traduit par châtiment désigne aussi bien la faute que la peine à subir en conséquence de la faute.

qu’elle a reçu de la main du SEIGNEUR deux fois le prix de toutes ses fautes : la traduction ne rend sans doute pas tout à fait bien l’idée ; pourtant il est vrai que la faute ne laisse pas Dieu indifférent, qu’elle l’atteint même en premier lieu ; que Dieu est un Père qui veut le bien de ses enfants, et qui peut donc les « corriger » (Ps 118, 18) ; reconnaître sa bienveillance, sa justice, sa miséricorde (Ps 116, 5) n’empêche pas de mesurer le poids de nos fautes. Pour mieux comprendre ce verset on peut aussi faire référence à la Loi (Ex 22) qui prescrivait une double compensation lorsqu’on était reconnu coupable d’avoir lésé quelqu’un.

En ce seul verset s’exprime toute la fidélité de Dieu qui prend l’homme au sérieux, mais qui ne le rejette jamais ; même après la faute, c’est encore lui qui vient dire que la page est tournée, qu’un chemin neuf est ouvert.

Seigneur Dieu, selon ta fidélité fais-moi revivre, enseigne-moi tes exigences : sois mon appui et je vivrai.


samedi 17 décembre 2016

Dit votre Dieu

Es 40
1 Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu,

Viens Esprit Saint, viens ouvrir avec nous ce nouveau livre, viens nous rendre attentifs à la voix du prophète.

Réconfortez : un ordre ouvre ce 40e chapitre du livre d’Esaïe, un ordre bienveillant : réconfortez – ou consolez -  qui semble être la suite d’une histoire plutôt qu’une amorce.

Pourtant ce 40e chapitre ouvre la deuxième partie du livre d’Esaïe que nous allons lire en lectio. L’œuvre désignée comme « livre d’Esaïe » est comme une « bibliothèque prophétique » dont le grand prophète a pris part à l’écriture de la première partie. Grâce à son activité politique, et vu l’existence de recoupements très clairs avec le récit des Livres des Rois (2R 12 et ss), nous pouvons situer avec précision son activité au 8e siècle. Esaïe est un personnage extraordinaire qui a exercé son activité de prophète auprès des rois et du peuple durant une quarantaine d’années jusqu’au moment où l’Assyrie est parvenue aux portes de Jérusalem.

La deuxième partie - que nous allons lire - n’est pourtant pas de lui et cela pour une raison évidente : les évènements rapportés (triomphe des Perses et libération toute proche des Israélites exilés  à Babylone) date de la première moitié du 6e siècle. Le « deuxième Esaïe » - prophète anonyme – parle donc, lui, non pas à Jérusalem, mais au milieu du peuple exilé. Si les circonstances et le style changent parfois, le même message prophétique soutient l’ensemble du livre d’Esaïe. Nous allons y entrer en cette deuxième partie – aussi appelée livre de la Consolation - qui convient sans doute mieux à notre lecture priante. Nous y retrouverons ainsi tant de passages repris dans la liturgie.

réconfortez mon peuple : à Babylone, le peuple, son peuple, est donc en attente, en souffrance, et il a traduit sa plainte dans les Psaumes ou dans les Lamentations. Le prophète annonce que vient le temps de la consolation. Ce mot déjà répété à l’ouverture de ce chapitre, reviendra 16 fois d’ici la fin du livre, c’est dire que nous pouvons nous y arrêter. A qui ce pluriel s’adresse-t-il, en plus sans doute du prophète lui-même ? Rien dans le texte ne le laisse entrevoir… Difficile donc de ne pas se sentir interpeller.

dit votre Dieu : à l’opposé, celui qui parle est clairement nommé : il parle, il va parler tout au long de ces chapitres par la voix de son prophète, voix à laquelle se mêlera un concert d’autres voix, mais cette ouverture souligne d’emblée que toutes ne seront l’écho que de celle de Dieu lui-même.

Seigneur Dieu, en un mot nous recevons aujourd’hui une clé de la fraternité à laquelle tu nous appelles chaque jour : consolez, réconfortez, soyez attentifs, entrez en relation, tissez ces liens de fraternité qui sont pour chacun plus vitaux que toutes les circonstances dans lesquelles il puisse être plongé. Donne-nous un cœur qui sache réconforter, à l’exemple du tien.




jeudi 15 décembre 2016

Bien-aimé de toute sa nation



Le roi légiférait pour le royaume, sur terre et sur mer. Sa puissance et sa vaillance, la richesse et la gloire de son royaume, voilà qu'on les mettait par écrit dans le livre des rois de Perse et de Médie, pour qu'on en garde mémoire. Or Mardochée succéda au roi Artaxerxès. C'était un grand homme dans le royaume, et il était glorifié par les Juifs. Bien-aimé de toute sa nation, il leur racontait quelle avait été sa conduite.
Esther grec 10, 1-3

Viens Esprit de Jésus, viens ouvrir en nous le livre. Viens le déposer en nos cœurs, et que jaillisse ta vie.

Le roi légiférait pour le royaume, sur terre et sur mer.
Rappel de l’étendue de l’autorité du roi. Mais aussi de ses limites, on ne parle pas qu’il légiférait sur le ciel ! il est une part de la réalité sur laquelle l’homme n’a pas prise !   

Sa puissance et sa vaillance, la richesse et la gloire de son royaume, voilà qu'on les mettait par écrit dans le livre des rois de Perse et de Médie, pour qu'on en garde mémoire.
La puissance est contrebalancée par la vaillance, richesse et gloire du royaume, on peut espérer que cela retombait en grâce pour tous et toutes dans la royaume… sinon bonjour l’oppression, l’inégalité. De cela aussi on garde mémoire dans les livres du royaume. Chaque peuple se doit de cultiver ses racines.

Or Mardochée succéda au roi Artaxerxès.
Etrange succession. Le texte hébreu en faisait le premier du royaume après le roi et non le successeur du roi. Enjolivement de l’histoire ? qu’importe. Le texte veut nous dire que celui qui était persécuté est élevé, que celui qui a voulu sauver sa nation est reconnu, magnifié. Et que plus de responsabilités lui sont confiées… qui se montrera digne de confiance en de petites choses…

 C'était un grand homme dans le royaume, et il était glorifié par les Juifs.
Retournement de la situation, celui qui devait être pendu et bien vite oublié, est celui qui est vivant et que l’on célèbre, dont on reconnaît la valeur. La gloire c’est le poids d’une personne. Non point en kg ! mais en qualité humaine.

Bien-aimé de toute sa nation,
Marque intéressante, à la différence de certains chefs qui sont autant redoutés que glorifiés, Mardochée est bien aimé de toute sa nation. Un vrai roi, digne de ce nom, est serviteur de sa nation, et reconnu tel, il est bien aimé.

il leur racontait quelle avait été sa conduite.
Orgueil ? ou tout simplement enseignement, partage d’expérience, pour que se lève à sa suite d’autres serviteurs, d’autres bienfaiteurs pour la nation. Si Mardochée peut célébrer le salut que Dieu a offert à la nation, il se doit de témoigner en même temps, que Dieu ne veut point agir sans l’homme, dans la prière et l’action de Esther et de Mardochée, Dieu a trouvé un chemin pour sauver son peuple.

Seigneur, de quel salut nous voudrais-tu artisan avec toi aujourd’hui ? ouvre nos cœurs, partage nous ton cœur. Que nous portions avec toi, nos frères et sœurs en attente de délivrance, que nous te les présentions, que nous mettions nos vies à leur service.