vendredi 25 septembre 2015

Ne détourne pas ton regard

Si 4
1 Mon fils, ne prive pas le pauvre de sa subsistance, 
ne fais pas languir les yeux de l’indigent.
2 Ne fais pas souffrir une âme affamée,
n’irrite pas un homme dans le dénuement.
3 N’ajoute pas au tourment d’un cœur irrité,
ne fais pas attendre tes dons à qui en a besoin.
4 Ne repousse pas le suppliant dans la détresse,
ne détourne pas ton visage du pauvre.
5 De l’indigent ne détourne pas ton regard,
ne lui donne pas sujet de te maudire.
6 Car s’il te maudit dans l’amertume de son âme,
son créateur entendra sa prière.

Viens Esprit Saint, fais que la parole de ce jour s’imprime en nos cœurs, qu’elle ouvre notre regard, qu’elle soit notre guide.

 Mon fils : nouveau chapitre, nouvelle interpellation qui rappelle tout le poids d’un conseil paternel, qui est une invitation à l’attention, à l’écoute.

ne prive pas le pauvre de sa subsistance : ces 6 versets sont tous une invitation à faire l’aumône. Mais Ben Sira ne le présente pas comme une obligation en soi. Il regarde tout simplement celui qui est dans le besoin et invite à porter ce même regard. C’est le destinataire du don qui est au cœur de ces versets ; c’est le comportement à avoir vis-à-vis de lui que Ben Sirac enseigne. Il ne dit pas « donne » mais « ne prive pas » : il s’agit donc d’un bien auquel le pauvre a droit et qu’il convient de ne pas lui retirer, d’autant plus que ce bien est fondamental puisqu’il s’agit de sa subsistance même, autrement dit de sa vie.

ne fais pas languir les yeux de l’indigent : Ben Sirac va plus loin : ce don doit être fait sans tergiverser, sans délai, sans faire « languir » l’indigent qui voit ces choses auxquelles il ne peut accéder et dont il a besoin.

Ne fais pas souffrir une âme affamée, n’irrite pas un homme dans le dénuement : faire attendre celui qui a faim, celui qui est nu, c’est le faire souffrir davantage, physiquement mais aussi moralement.

N’ajoute pas au tourment d’un cœur irrité, ne fais pas attendre tes dons à qui en a besoin : Ben Sirac est de plus en plus explicite en recommandant de ne pas « ajouter au tourment »

Ne repousse pas le suppliant dans la détresse, ne détourne pas ton visage du pauvre.
De l’indigent ne détourne pas ton regard, ne lui donne pas sujet de te maudire.
Si celui qui est dans la détresse doit supplier, c’est que l’autre ne l’a même pas vu… ou fait semblant de ne pas le voir…  Le petit-fils de Ben Sira, qui traduit son oeuvre de l’hébreu au grec, et qui vise dans divers passages à l’helléniser, cherche plutôt ici à taper sur le clou en rajoutant deux lignes, d’ailleurs quasi identiques : les versets 4b et 5a. Oui, le premier pas, c’est voir, c’est l’échange de regard.

Car s’il te maudit dans l’amertume de son âme, son créateur entendra sa prière.
Selon son habitude, l’auteur ne peut s’empêcher de brandir une menace comme dernier argument : si le pauvre crie vers son Dieu, s’il maudit celui qui refuse l’aumône, Dieu l’entendra… Mais comment Dieu répondra-t-il à la prière du malheureux ?

Seigneur Jésus, ton regard d’homme s’est porté sur tant de malheureux que tu as voulu secourir sans tarder. Puissions-nous, à ton exemple, être vigilants afin de percevoir l’attente du pauvre et lui répondre selon nos moyens.



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