vendredi 15 mai 2015

La loi de la liberté



Jc 1, 25-27


Le texte (traduction : Traduction de la Bible de Jérusalem) :
« 25 Celui, au contraire, qui se penche sur la Loi parfaite de liberté et s'y tient attaché, non pas en auditeur oublieux, mais pour la mettre activement en pratique, celui-là trouve son bonheur en la pratiquant.
 26 Si quelqu'un s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine.
 27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde »

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
Après les épîtres de Jean plus dogmatiques, répondant à des dissensions de doctrine dans la communauté, nous découvrons l’épître de Jacques, dont le contenu est très différent.
Il ne s’agit plus ici de doctrines à clarifier, mais d’un enseignement moral. Quoi qu’il en soit, ces lettres peuvent nous rejoindre là où nous sommes et nous ouvrir à une Parole, celle que Dieu nous adresse aujourd’hui.

(v. 25) « Celui, au contraire, qui se penche sur la Loi parfaite de liberté et s'y tient attaché, non pas en auditeur oublieux, mais pour la mettre activement en pratique, celui-là trouve son bonheur en la pratiquant »
L’expression au contraire laisse entendre qu’il existe une autre sorte d’audition de la parole : il s’agit, nous explique St Jacques aux versets précédents, non sans humour, de celle d’un « homme qui observe sa physionomie dans un miroir. Il s'observe, part, et oublie comment il était ». Telle est l’écoute distraite.
Jacques préconise une mise en pratique de la parole, qu’il nomme « la Loi parfaite de liberté ». Remarquons qu’a priori, la loi peut sembler être un frein à la liberté. Mais en réalité, elle lui offre un grand déploiement. Il peut être instructif de s’attarder à la notion de « liberté », qui ne signifie pas tant « faire ce que je veux », que « vouloir ce que je fais » : cette liberté s’apparente à l’implication de soi ; elle appelle la persévérance et la fidélité. A l’opposé, nous trouverons l’esclavage des besoins égoïstes, l’instinct, le repli sur soi.
Cette loi de liberté, il convient de se « pencher » sur elle, de s’y « tenir attaché »[1]. Et Jacques d’orienter le regard vers le résultat de cette mise en pratique : le bonheur.
L’auteur de la lettre rejoint ici Jésus, qui est venu « pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient surabondante » (Jn 10, 10) et qui, dans cette optique, a prononcé les Béatitudes (« Heureux les pauvres de cœur… » : Mt 5).
Par ces propos, Jacques fournit un enseignement dont il a éprouvé la fécondité : « celui-là trouve son bonheur en la pratiquant ».
Notons que son enseignement est purement moral et, jusqu’à présent, sans allusion à Dieu.

(v. 26) « Si quelqu'un s'imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine »
Avec le verset 26, nous abordons un thème que Jacques exploite de manière spécifique, celui du danger de la parole[2]. Il dénonce une incompatibilité entre le semblant de religion et une langue bavarde, c’est-à-dire disposée à dire du mal du prochain.
L’auteur encourage au contraire l’unicité entre la langue et le cœur : une religion qui, jusqu’en sa signification étymologique, relie à Dieu et aux autres.

(v. 27) « La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde »
Pour finir, l’auteur de la lettre définit la religion « pure et sans tache ». Il l’oriente dans une double direction : d’une part, le secours à apporter aux « orphelins et veuves », considérés dans la Bible comme les premières victimes de la misère et de la pauvreté, puisque sans revenus[3] ; d’autre part, l’éloignement de la souillure du monde, où le terme de « monde » reçoit le sens péjoratif de refus, de fermeture à la Parole de Dieu.

Ainsi, Jacques nous propose-t-il dans ces versets un double chemin, rappel des « deux voies » qu’expose le Deutéronome : « Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur… »[4].
C’est vrai : nous pouvons être un auditeur distrait ou attentif, un réalisateur de la parole actif ou paresseux, garder notre langue ou lui donner toute licence pour dire du mal des autres. Tel est le cadeau, et la responsabilité, de notre liberté…



Prière :
Seigneur Jésus, chaque jour ta Parole nous est offerte comme un cadeau pour notre quotidien, du pain pour la route. Nous te rendons grâces.
Accorde-nous de l’entendre, de la laisser nous habiter, nous transformer, pour que nos vies te révèlent.
Pour ce bonheur que tu désires pour chacun et chacune de nous, sois béni !
Sr Marie-Jean

[1] Le verbe contient l’idée de « demeurer ».
[2] Il y reviendra d’ailleurs dans la suite de la lettre au chapitre 3.
[3] Cfr Dt 10, 17-18 : « c'est le Seigneur votre Dieu qui est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l'impartial et l'incorruptible, qui rend justice à l'orphelin et à la veuve, et qui aime l'émigré en lui donnant du pain et un manteau ».
[4] Dt 30, 15 sq.

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