mercredi 4 janvier 2012

Elle enfanta son fils

Et il arriva, pendant qu’ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle enfanta son fils premier né, elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car ils n’avaient pas lieu dans la salle commune.
   Luc 2,6-7

Viens Esprit, toi qui fais toutes choses nouvelles,
Viens Esprit, toi éternelle enfance et innocence de Dieu
Viens Esprit, féconde notre terre

Et il arriva,
Cette expression revient comme un refrain, après avoir ouvert le chapitre 2. Elle dit toute la solennité de l’événement… étrange contraste avec le concret des faits : une mère qui enfante, dans la pauvreté…

pendant qu’ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter.
Là, c'est-à-dire à Bethléem, c'est-à-dire dans leur patrie d’origine, mais non dans leur habituel de résidence… ils ne sont pas vraiment chez eux, et dépendent de l’accueil qui leur est fait…
Les versets nous ont situés l’instant dans la grande histoire, reliant les jours au règne de César Auguste… Et voici que dans ces jours, s’accomplissent les jours où une jeune femme doit enfanter. Le verbe accomplir revient un peu comme un refrain dans ces récits. Indiquant discrètement, que les événements arrivent à leur heure, c’est l’heure pour Marie d’enfanter, c’est l’heure pour Dieu de s’incarner, de venir exaucer l’attente messianique. C’est l’heure pour Dieu de venir partager notre humanité ! Nous l’aurions attendu dans un palais ? Nous l’aurions attendu dispensé de l’enfance et de la croissance, nous l’aurions attendu tout-autre. Le voici, semblable à nous, enfanté tout simplement, dans la pauvreté !

 Et elle enfanta son fils premier né,
Les mots sont simples, le récit est sobre, et ils nous disent pourtant l’inouï. L’annonce de Gabriel à Marie se réalise. Voici celui qui sera grand, qui sera appelé Fils du Très-Haut… l’être saint qui va naître sera appelé Fils de Dieu. Nous sommes à Bethléem, avec un couple en exode, pour aller se faire recenser, se conformant à l’édit de l’empereur… les jours d’enfanter qui sont là, tandis qu’ils font route…
Le fils est dit premier né… cette allusion prépare peut-être le récit de la présentation au Temple où il sera rappelé. Tout premier né de sexe masculin sera consacré au Seigneur (2,23).

elle l’emmaillota,
Marie semble seule pour accueillir l’enfant, et poser les premiers gestes de soin. Elle l’emmaillote comme on le fait à son époque, dans sa culture. Réalisme de l’Incarnation…

et le coucha dans une mangeoire,.
Nous sommes à Bethléem, « maison du pain », et l’enfant est couché dans une mangeoire… lui qui se dira pain de vie !
Au bout de l’évangile, d’autres rendront ces gestes au corps de Jésus, ils l’envelopperont dans un linceul et le coucheront dans un tombeau. De la naissance à la mort, Jésus partage notre humanité.

car ils n’avaient pas de lieu dans la salle commune
On a régulièrement médité sur ce pas de lieu, en moralisant, sur notre manière de ne pas accueillir… il faut peut-être lire d’abord simplement, qu’en un lieu déjà occupé, il est difficile de trouver place pour enfanter, et pour coucher un petit nouveau-né. On imagine mal mettre au monde dans une salle peuplée… Dès lors Joseph et Marie ont pu chercher un lieu plus approprié. Comme ils font partie du petit peuple, ils ne peuvent espérer trouver chez les grands de ce monde, ils partagent la condition des petits, des pauvres…

Seigneur, tu as choisi de t’incarner, de rejoindre notre humanité. Tu as choisi de venir pauvre parmi les pauvres, de tout partager de notre condition humaine depuis la naissance jusqu’à la mort. Si nous avions imaginé ton histoire, sans doute aurions-nous dessiné une belle maison, une assistance aidante autour de Marie, un berceau qui attend… Tu viens, tu entres dans notre histoire, tout pauvrement, tout humblement, sans bruit. Toi, le Messie attendu par tout un peuple durant de longs siècles, tu entres en silence dans notre histoire.

Donne-moi de t’accueillir. Ah si mon cœur pouvait devenir crèche, Dieu pour moi se ferait petit enfant, soupirait Angelus Sidélius.

Seigneur, en voyant l’humilité de ta venue parmi nous, ton choix de pauvreté, ton choix de partager notre condition, tu m’invites à t’ouvrir ma vie, sans réserve, aussi pauvre soit-elle.

Je te rends grâce.

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