mardi 8 février 2011

Il crut à la parole...

Alors Jésus lui dit : « Si vous ne voyez signes et prodiges,
vous ne croirez jamais ! »
L’officier royal lui dit : « Seigneur, descends avant que ne meure mon petit enfant ».
Jésus lui dit : « Va, ton fils vit. »
L’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite,
et il partit.
Jn 4, 48-50

Seigneur, envoie ton Esprit,
Qu’il me donne de t’accueillir en ta Parole.
Seigneur, tu sais la douleur de tant d’humains, tu la partages,
Donne-moi de partager ta douleur,
Et par ma foi, en la vie éternelle, que tu offres à tous, de te réconforter.

Si vous ne voyez signes et prodiges…
Comme lors du premier signe à Cana, Jésus semble résister à la demande, comme en un soupir, ou un constat : il nous faut des signes pour parvenir à la foi. Sans doute ne se doutait-il pas à quel point la relation filiale qu’il vivait avec le Père, le rendait si différent des autres. Il devait penser chacun en enfant du Père, et être quelque peu stupéfait de ne pas trouver une foi plus vive en chacun.

L’officier lui dit : Seigneur, descends…
Impérative cette prière. L’officier presse Jésus de sortir de ces considérations sur la foi, pour rencontrer l’urgence de la santé de son fils. Je repense au psaume : à tes yeux mille ans sont comme un jour… la relation au temps est une énigme à déchiffrer, à partager en cet évangile. Il y a comme une solennité de chaque instant pour Jésus. Au bord du puits, c’était un peu pareil avec les disciples qui s’impatientaient face à Jésus qui ne se décidait pas à manger.
Seigneur, descends…
Impressionnant le terme Seigneur donne une impression de solennité, de révérence, et puis à ce titre, est adjointe une injonction pour le moins impérieuse ! Jésus n’a plus qu’à obtempérer ! Véhémence de la douleur du père devant la maladie de celui qu’il nomme « son petit enfant ». Et expression d’une foi sans réserve : s’il est aussi suppliant, c’est qu’il croit fermement que Jésus peut sauver son fils.

Va, ton fils vit
Incroyable réponse de Jésus. Non pas j’y vais, mais « va ». Il oblige l’officier à faire foi à sa parole. Il répond sur le même style que l’officier qui lui intimait de descendre. Je constate la différence d’appellation pour l’enfant. L’homme parlait de son petit enfant (paidion), Jésus lui répond « ton fils » ce qui laisse supposer un enfant plus grand déjà. (Les serviteurs au v 51, diront « enfant » et non « petit enfant ». )

L’homme crut à la parole… et il se partit
Je regarde cet homme en détresse, qui vit d’une telle foi qu’une seule parole lui suffit pour se mettre en route. Il ne voit pas encore la réalité du signe de guérison, il croit à la parole de Jésus.
Qu’il m’accompagne de sa foi tout au long de ce jour !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Des signes ! C'est sûr que quand on est dans la désespérance, que votre fils est sur le point de mourir je me demande quel père pourrait négliger une telle opportunité.
Il est complètement perdu, bouleversé, il ne se soucie plus de lui, de la chaleur, des kms à parcourir pour voir ce Jésus. Pour lui ça n'a rien de religieux sans doute, mais il est prêt à tout pourvu que son fils soit guéri.
Je ressens le désarroi que peut vivre cet homme. Quand je voyais Gaëtan étendu sur son lit d'hôpital, dans le coma, flanqué de perfusions de toutes sortes et que l'on vous annonce que son problème c'est son foie, tout de suite sans réfléchir vous êtes prêt à lui donner le vôtre. Rien ne va assez vite, qu'est-ce que vous attendez ? Peu importe les conséquences, les difficultés, les astreintes post-opératoire pour le donneur et le receveur....qu'il vive, c'est ma seule obsession.
Alors, des signes qui n'en n'attendrait pas ?
Chaque minute qui passe est une éternité et j'entendais toutes ces belles paroles maintes fois ruminées dans ces nombreuses retraites à La Roche d'Or. Temps qu'elles n'ont été entendues que comme du merveilleux qui fait du bien, elles n'ont pas d'écho, elles ne peuvent rien.
Faire confiance, ce n'est pas parier sur un hypothétique pouvoir de guérison ou se résigner faute de trouver une solution...mais c'est s'abandonner entièrement dépouillé de tout pour m'ouvrir accueillir "cette Parole" qui fait vivre.
C'est assez saisissant de voir et sentir une Présence qui pacifie le coeur de votre tristesse. Je rends hommage à mes larmes, qu'il ne m'était pas possible de retenir tant la douleur est insupportable, mais je leur rend hommage pour ce qu'elles m'ont appris, enseigné.
Mes larmes, perles de sang, perles de pluie, m'ont parlé davantage que les discours religieux. Elles ont été porteuses de vie et de Présence bienveillante pour moi.
"Descends" et Il répond...mais ce qu'IL répond chacun l'entend et le reçoit dans la confiance donnée. Quel père abandonnerait son enfant?

Anonyme a dit…

"Descends"
Quand il y a de l'urgence, il n'est plus question de tergiverser, de tourner autour du pot. Est-ce que tu voudrais bien...? Non. Ce n'est plus une question, c'est un ordre, un impératif, une nécessité absolue. L'ultime recours en Celui que je ne connais pas mais en qui je mets toute ma confiance.
Aveuglé par la douleur, il saute à pieds joints dans des bras secourables !
Quel père ne peut ouvrir ses bras?
Mets dans mon coeur, un Amour qui réponde à ton Amour ! C'est la seule réponse possible, c'est celle du serviteur souffrant, Jésus qui joint l'acte à la Parole. Le lien d'intimité ne peut être trahi et tout se joue en deux mots : "Descends" pour l'un et "Va" pour l'autre.
Le silence qui remplit le vide entre ces deux mots c'est cette intimité secrète qui dit tout.(Lire la préface de Gaston BACHELARD à la première édition de "JE" et "TU" de Martin BUBER.) :

"Il faut avoir rencontré Martin Buber pour comprendre, dans le temps d'un regard, la philosophie de la rencontre, cette synthèse de l'évènement et de l'éternité. Alors on sait d'un seul coup, que les convictions sont des flammes et que la sympathie est la connaissance directe des personnes.
Un être existe par le Monde, qui vous est inconnu et, soudain, en une seule rencontre, avant de le connaître, vous le reconnaissez.
Dans la nuit, un dialogue s'engage, un dialogue qui, par un certain ton, engage à fond les personnes : "C'est toi, Michel? et la voix répond : "C'est toi, Jeanne?" Aucun n'a besoin de répondre : "Oui, c'est moi". Car le moi interrogé, s'il transcendait l'interrogation, s'il dérogeait à la grâce infinie de la rencontre, tomberait dans le monologue ou la confession, dans ce qu'il vante ou dans ce qu'il est, dans le plat récit des désirs et des peines. Il dirait ce qu'il était avant de dire ce qu'il est ; il dirait ce qu'il est avant de dire que, par la rencontre, il est devenu. L'instant de la personne humaine en serait tout alangui, tout amolli, tout amorti, privé entièrement de ce vecteur d'avenir que la sympathie vient de lancer. Toute la philosophie de la personne, d'après Martin Buber, doit tenir dans cette interrogation mutuelle. Cette philosophie donne au verbe une tonalité particulière qui est faite de confiance et d'étonnement.

Que faut-il dire davantage ?

"Va, ton fils vit. L'homme crut à la Parole que Jésus lui avait dite et il se mit en route."
La transformation, cette histoire qui se joue dans l'intime, je la vit si intensément qu'elle m'émeut aux larmes. Ce sont des larmes de joie à cause de ce qui se tisse entre ce fonctionnaire royal, entre Jésus, entre Corentin et Gaëtan et moi. C'est aussi ce qui se tisse dans ce partage entre vous et moi!
"Ton fils vit", affirmation dont je ne peux douter.
"L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite"
"Et il se mit en route"
Serait-il encore possible de rester au bord de la route ?
La Parole et l'empressement disent l'abondance du coeur !
Raymond