mardi 1 février 2011

A ce moment

Jn 4 27A ce moment, les disciples de Jésus revinrent ; et ils furent étonnés de le voir parler avec une femme. Mais aucun d'eux n'osa lui demander : « Que lui veux-tu ? » ou : « Pourquoi parles-tu avec elle ? » 28Alors la femme laissa là sa cruche d'eau et retourna à la ville, où elle dit aux gens : 29« Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Serait-il peut-être le Messie ? » 30Ils sortirent donc de la ville et vinrent trouver Jésus.


Sois présent, Esprit Saint, au cœur de cette rencontre privilégiée avec le Messie.

J’ai gardé en mémoire cette dernière phrase du partage de hier : Je devine un échange de regard franc, un long silence,… une communion. Et je me suis sentie partie prenante de ce silence, de cette communion. J’entends encore ces mots : « Je suis »… et je me retrouve au Buisson, ce sont exactement les deux mêmes petits mots… « qui te parle » ce n’est pas le solennel « je te le dis » adressé à Nicodème ; ici le verbe grec est différent et signifierait plutôt « qui bavarde avec toi », la plus grande des révélations énoncée dans un bavardage à côté d’un puits. Mais justement, dans un tel lieu public, on n’est jamais longtemps seuls…

A ce moment : catastrophe ! En ai-je connu de ces instants fondateurs dont le destin semble bien d’être aussi fugitifs qu’essentiels : ne pas s’y installer, ne pas dresser de tente, seulement les méditer en son cœur.

les disciples de Jésus revinrent : on les avait oubliés ceux-là, on n’en était plus à quelques commissions près.. ; Jésus avait-il seulement eu à boire, le récit ne s’en préoccupe pas, tellement le ton est ailleurs… et puis les voilà avec leurs paquets… eux, compagnons, qui sont toujours avec lui.

et ils furent étonnés de le voir parler avec une femme : pourtant ils en prendront bien vite l’habitude !! Bien sûr, ici, Jésus est seul avec la femme, mais est-ce tellement cela qui les frappe ? On plutôt – comme nous le suggère la note de la TOB – le ton de la conversation : n’auraient-ils pas perçu que Jésus transmettait réellement la Parole à la femme ? Sans doute puisque aucun d'eux n'osa lui demander

Alors la femme laissa là sa cruche d'eau : notre bavarde n’a heureusement plus rien trouvé à dire après la déclaration de Jésus, mais elle pose un acte hautement symbolique : elle « oublie » sa cruche. Cette petite précision de rien du tout auquel Jean s’attache nous fait bien plaisir. Alors la cruche… pleine ou vide ? oubliée ou abandonnée pour courir plus vite ? par peur des disciples ou pour annoncer la grande nouvelle ? Qu’importe. Une cruche au bord d’un puits – ou ailleurs – m’évoquera toujours une certaine rencontre…

Venez voir : ce VOIR est le même verbe qu’a employé Jésus en Jn 1,39 et Philippe en Jn 1,46 : voir, regarder, mais aussi comprendre ; mais ce qu’on traduit ici par venez est en fait une interjection : « Allons ! » en contraste avec le verbe VENIR du chapitre 1 qui nous montrait un véritable mouvement à la suite de quelqu’un.

Serait-il peut-être le Messie ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’en est pas certaine, ou veut-elle que les autres s’en assurent pas eux-mêmes ? En tous cas, elle ne s’engage pas, contrairement à André qui disait « Nous avons trouvé le Messie » ou à Philippe « Nous l’avons trouvé ».


Comment est-ce que je reçois la révélation du nom de Jésus, ce JE SUIS qui résonne dans mon quotidien ? Qu’est-ce que cela change au fil des jours et des rencontres ?


Rends-moi toute ouïe, Seigneur, au bavardage au bord du puits ! Mais apprends-moi aussi à laisser là ma cruche…

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