vendredi 31 décembre 2010

le bon vin

[Jésus] leur dit : « Puisez maintenant,
Et portez-en au maître du repas. »
Ils lui en portèrent.
Lorsque le maître du repas goûta l’eau devenue vin
- il ne savait pas d’où il venait,
tandis que les serviteurs ayant puisé l’eau, le savaient -
le maître du repas, appela le marié.
« Tout humain propose d’abord le beau vin
et quand ils sont ivres l’inférieur.
Toi, tu as gardé-avec-soin le bon vin jusqu’à maintenant. »
                                                           Jean 2, 8-10

Seigneur, tu nous invites à partager ton eucharistie au quotidien
Tu nous invites à la lecture de ta Parole au fil des jours
Aide-nous dans l’accueil de ta Parole, de ton Pain et de ton Vin,
À vivre de ta vie, à aimer de ton amour, à être comme toi, communion !

[Jésus] leur dit : « Puisez maintenant, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Pourquoi donc ce passage de l’eau par les jarres ? Pourquoi Jésus n’a-t-il pas ordonné de servir directement l’eau ? Il a fait prendre le temps de remplir les 6 jarres jusqu’en haut… au maximum de leur contenance ! Et maintenant il invite à puiser et servir. Comme s’il avait fait défiler le temps de l’histoire ancienne, pour marquer maintenant la nouveauté, l’inauguration de l’heure. 
J’admire la confiante obéissance des servants. Puiser de l’eau et aller la servir en lieu et place de vin. Ont-ils d’abord remarqué le prodige ? ont-ils goûté ? Au verset suivant, on dit qu’ils ont puisé l’eau. Et non qu’ils ont puisé l’eau devenue vin.

Lorsque le maître du repas goûta l’eau devenue vin
Goûter la nouveauté ! sans savoir d’où elle surgit !
- il ne savait pas d’où il venait,
tandis que les serviteurs ayant puisé l’eau, le savaient –
Encore un renversement : les serviteurs se sont placés sous les ordres d’un invité. Et maintenant voici qu’ils en savent plus que le maître du repas. Mais il est bien dit qu’ils savent, ayant puisé l’eau,… Serait-ce seulement dans le goût que la différence paraît ? Toujours est-il que le maître du repas atteste le prodige.

le maître du repas, appela le marié.
Première mention de la présence du marié !!! Mais on ne saura rien de plus de lui ! Quant à la mariée, on la cherchera en vain en ce récit !

« Tout humain propose d’abord le beau vin et quand ils sont ivres l’inférieur.
Toi, tu as gardé-avec-soin le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tout humain : le terme grec sous-jacent (anthrôpos) indique le genre humain, pas spécialement le genre masculin (aner).  Le « ils » sont ivres n’a pas de sujet défini. On peut imaginer l’ensemble de l’assistance : maître du repas, mariés et convives.
Beau vin (généralement traduit bon vin). C’est vrai qu’il vaut mieux donner le beau vin quand les convives peuvent le goûter vraiment !!! On devine qu’il se passe ici quelque chose d’autre !
Tu as gardé-avec-soin : c’est le même verbe que Jésus utilise dans sa prière au chapitre 17, lorsqu’il demande au Père de garder les siens. C’est le même verbe lorsqu’il recommande à ses disciples de garder sa parole, de garder ses commandements.

Jusqu’à maintenant : Le verset 8 notait déjà un maintenant. Il revient ici. J’y lis une insistance par rapport au temps, à l’évènement qui est ainsi marqué, à la venue de l’heure dont avant l’intervention de sa mère, Jésus ne semblait pas conscient ou sûr de son arrivée… Mon heure est-elle venue ?
Et maintenant qu’elle est venue, voici, une noce où est servi le beau vin en abondance, tout est dans l’accueil qu’on lui fait, la capacité que l’on a de le goûter.  Une noce sans doute signe de l’alliance nouvelle que Jésus vient instaurer. L’effacement de la figure des époux de cette noce de Cana, le fait qu’il incombe normalement à l’époux de fournir le vin, et qu’ici c’est Jésus qui donne aux servants de le servir, semble dire que le véritable Epoux qui vient à la rencontre de l’humanité, c’est lui Jésus, Verbe fait chair.
Il vient non supprimer l’ancien, il utilise les 6 jarres ; il vient non sans requérir la collaboration des hommes, il invite les serviteurs à participer à son geste en remplissant les jarres, en puisant l’eau, en la portant au maître du repas.
Une alliance nouvelle est ainsi annoncée, alliance qui demande à être reconnue, alliance qui requiert notre collaboration.
Voici à nouveau un visage de Dieu qui sort des sentiers battus. Un Dieu pour qui la fête est importante, au point de faire ruisseler le vin nouveau. C’est bien l’ère messianique annoncée par les prophètes qui est inaugurée : Ce jour-là, les montagnes ruisselleront de vin nouveau, sur les collines coulera le lait, et dans tous les torrents de Juda les eaux couleront. (Joël 4,18)

Seigneur, fais nous entrer dans ce maintenant, que toutes nos œuvres collaborent à cette ère messianique.

jeudi 30 décembre 2010

Remplissez d'eau ces jarres...

Or, se trouvaient là six jarres de pierre,
pour la purification des juifs,
chacune contenant deux à trois mesures.
Jésus leur dit :
« Remplissez d’eau ces jarres. »
Ils les remplirent jusqu’au bord.
                                   Jean 2,6-7

Seigneur, donne-moi  ton Esprit, pour comprendre les Ecritures, afin d’en vivre.
Viens irriguer mon cœur, qu’il soit terre fertile pour accueillir ton message.
Fais-moi découvrir ton visage.
Révèle-moi ton amour.

Or, se trouvaient là six jarres de pierre, pour la purification des juifs, chacune contenant deux à trois mesures.
Les juifs avaient une série de pratiques concernant la purification (la racine Katharos = pur, peut signifier la propreté physique, d’où la place de l’eau dans ces rites).
Dans la symbolique hébraïque, 7 est chiffre de perfection. 6 marque alors que la perfection n’est pas atteinte ! Ce qui pourrait discrètement évoquer l’imperfection de cette purification, le fait que ces rites ne peuvent à eux seuls offrir une purification de l’être !
Que font là ces jarres, dans un contexte de noce ? Le volume d’eau qu’elles peuvent contenir est impressionnant. Les notes des traducteurs signalent qu’une mesure équivaut à environ 40 litres. Des jarres de 2 à 3 mesures ont donc une capacité entre 80 et 120 litres.

Jésus leur dit : « Remplissez d’eau ces jarres. »
Ces jarres étaient donc vides ! Le texte ne le dit pas, c’est l’ordre de Jésus qui nous l’apprend. Marie a signalé le manque de vin à Jésus, et non le manque d’eau pour les rites de purification ! Et voilà qu’en un premier mouvement, Jésus veille apparemment du moins à ce manque d’eau pour la purification ! Les servants doivent être un peu surpris d’un tel ordre.

Ils les remplirent jusqu’au bord.
Surpris, ils n’en sont pas moins obéissants !!! Pourtant ils ne devaient rien à Jésus, en tant que serviteurs, ils n’avaient pas mission d’exécuter tous les ordres des invités. La mère de Jésus les avait conviés à écouter Jésus et à faire tout ce qu’il demanderait. On aurait pu déjà se demander pourquoi elle s’était tournée vers Jésus pour signaler ce manque, plutôt que vers le maître du repas.

Ils les remplirent jusqu’au bord.
Si le vin manquait, l’eau ne semblait pas manquer dans le coin… voici les serviteurs débordants de zèle pour remplir les jarres… c'est-à-dire pour porter plus de 600 litres d’eau ! A quoi pensaient-ils en exécutant cet ordre ? On dit à Jésus qu’il manque de vin, et il fait remplir d’eau les jarres pour la purification. Voulait-il accomplir une purification « réparatrice » ? Jésus dira bien plus tard qu’il n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir !!!

Je me laisse surprendre, étonner par ce texte. Il m’invite à laisser Dieu être Dieu comme il l’entend, et non point comme je l’aurais imaginé. Il m’invite à accueillir les inattendus de Dieu, dans une attitude de consentement actif ! Il m’invite à l’ouverture, et au respect. Pas question d’enfermer Dieu dans ma connaissance, dans les tiroirs de ma pensée… le laisser être comme il l’entend…

Merci Seigneur d’être toi, et de l’être si bien !

mercredi 29 décembre 2010

Femme...

Comme le vin manquait,
la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui dit : « Quoi à moi et à toi, femme ? 
Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit aux servants :
« Quoi qu’il vous dise, faites-le ! ».
                                               Jean 2,3-5

Viens Esprit Saint, viens instruire nos cœurs, par l’accueil de la Parole.
Viens Esprit Saint, anime nos journées,
Qu’elles deviennent annonce du Royaume

Comme le vin manquait
Le vin, c’est la boisson qui relève la fête. Il est signe du banquet eschatologique : Is 25,6 : Le Seigneur Sabaoth prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés… Pv 9,1sv : La Sagesse a bâti sa maison,… elle a abattu ses bêtes, préparé son vin, elle a aussi dressé sa table. Elle a dépêché ses servantes… « Venez mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé… » Etre privé de vin, est parfois présenté comme un châtiment pour qui a failli à l’alliance : ils ont planté des vignes et n’en boiront pas le vin dit Sophonie à propos des incrédules (1,15 ; voir aussi Michée 6,15 etc.).

La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Simple sollicitude maternelle ? Ou appel émanant d’une mission plus profonde ?
Elle lui dit, mais sans le nommer (Jésus, ou fils, ou…). Elle ne demande apparemment rien, elle signale le manque. Suprême délicatesse qui ne cherche pas à imposer une solution, mais présente simplement la situation.

Jésus lui dit : « Quoi à moi et à toi ?...
L’expression traduite ici littéralement, est un sémitisme, elle signifierait : de quoi te mêles-tu ? ou En quoi cela nous concerne-t-il ? Ce serait manière de repousser l’intervention… Il faut miser sur le contexte pour tenter de traduire avec justesse cette parole… A tout le moins, elle nous donne l’impression que l’intervention de sa mère ne rejoint nullement un élan spontané de Jésus. Elle semble comme marquer un temps d’arrêt, inviter à un changement…

Femme…
Il ne faut sans doute pas voir dans cette expression une manière de prendre distance de sa mère. C’est de la même manière que sur la croix, il l’appelle pour la confier à un disciple, et pour lui confier ce disciple comme son fils. L’expression renverrait-elle alors à une mission féminine précise ? Si je reviens aux récits de la Création, la femme est voulue par Dieu comme aide et vis-à-vis de l’homme (Gn 2,18). Et lorsqu’elle paraît l’Adam peut devenir époux ! Nous sommes justement dans un contexte de noce ! La femme est aussi celle qui porte la vie.

Mon heure n’est pas encore venue
Il serait aussi possible de traduire : Mon heure n’est-elle pas venue ? L’heure est un thème important qui traverse tout l’évangile de Jean. C’est l’heure de sa glorification, à ce moment de sa mort, où élevé de terre, il attire à lui tous les hommes. (Jn 7,30 ; 8,20 ; 12,23.27 ; 13,1 ; 17 ,1)

Sa mère dit aux servants : « Quoi qu’il vous dise, faites-le ! »
Cette parole est forte. Marie n’a eu aucune réponse directe de Jésus l’assurant qu’il va agir. Mais elle croit. Elle est mère, et perçoit mieux que quiconque ce qui se prépare. Sans savoir vraiment, elle pressent... Elle est mère, et met au monde son fils. Ici, elle le met au monde de sa mission pourrait-on dire.
Cette parole en rappelle d’autres :
-          Pharaon avait donné le même ordre à tous les Egyptiens lors de la famine : Allez à Joseph et faites ce qu’il vous dira (Gn 41,55). Nous sommes ici aussi en contexte de pénurie, de manque. Et Joseph est l’envoyé de Dieu pour répondre à ce manque.
-          Et puisque nous sommes en contexte de noce, on peut se remémorer ces paroles du peuple dans le cadre de l’alliance : Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons (Ex 19,8)
Invitation à l’obéissance inconditionnelle, sans même prendre le temps de présenter son fils, de motiver cette invitation. Elle invite à partager la foi qui l’habite.

Je reste avec ces quelques versets… invitation à laisser Marie m’enseigner. Invitation aussi à voir jusqu’où va ce mystère de l’incarnation : Dieu en Jésus se laisse mettre au monde de sa mission, par sa mère…

mardi 28 décembre 2010

Il y eut une noce...

Le troisième jour, il y eut une noce à Cana de Galilée
Et la mère de Jésus était là.
Jésus aussi fut invité à la noce, ainsi que ses disciples.
                                                           Jn 2,1-2

Viens Esprit-Saint, lumière bienheureuse,
Viens illuminer nos cœurs et les instruire par la Parole
Viens, sois notre guide.

Le troisième jour
Trois jours après la promesse faite à Nathanaël de voir le ciel ouvert… 7 jours après le témoignage du Baptiste. La semaine inaugurale du ministère de Jésus va s’achever… sur une noce !!!
Dans nos oreilles chrétiennes, cette expression le troisième jour a une résonnance pascale : Jésus ressuscité le troisième jour !  Osée avait annoncé ce troisième jour (6,2) :  après deux jours il nous rendra la vie, le troisième jour, il nous relèvera et nous vivrons devant lui. Mais il faudrait pointer d’autres textes notant le 3ème jour, j’en relève quelques-uns :
-          Gn 22,4 : le troisième jour, Abraham leva les yeux et vit de loin le lieu (du sacrifice)
-          Gn 42,18 : le troisième jour, Joseph leur dit : faites ceci, et vous vivrez… (à ses frères qui l’avaient vendu)
-          Ex 19,16 : Le troisième jour il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne…  (lors de la théophanie du Sinaï où Dieu vient faire alliance avec son peuple… tiens une alliance… est-ce thème sous-jacent au récit de Cana qui parle de noce ?)
-          1 Rois 12,12 : Jéroboam et tout le peuple se présentèrent à Roboam le troisième jour et ce sera le schisme entre le royaume du Nord et le royaume du Sud (une alliance brisée !)
-         

A Cana de Galilée…
Une petite bourgade qui serait oubliée complètement sans doute, si l’évangile de Jean ne l’avait immortalisée par ce récit. Les cartes peinent à la situer avec exactitude…

Et la mère de Jésus était là.
Première mention de la mère de Jésus en cet évangile (jusqu’ici concernant ses « origines » humaines, il avait été dit fils de Joseph, de Nazareth.) Son prénom n’est pas donné. Il nous faut les autres évangiles pour savoir qu’elle s’appelle Marie ! Ici c’est sa maternité qui est soulignée. Elle est nommée en premier dans ce récit. Ce n’est qu’au verset suivant que Jésus est annoncé lui aussi.
Dans l’évangile de Jean, elle ne parait que deux fois : ici et à la croix (19, 25-26). C'est-à-dire à des moments clés de la vie de Jésus.

Jésus aussi fut invité à la noce,
Original ce récit, il parle des invités et on ne sait pas de quelle noce il s’agit !!! Et qui a invité Jésus ? Marie on dit qu’elle était là… sans trop savoir à quel titre. Puis de Jésus on signale qu’il a été invité… mais le texte au passif, ne laisse pas deviner qui a invité. A moins qu’il ne faille deviner la présence de Dieu, comme c’est régulièrement le cas : l’usage du passif pour éviter de nommer explicitement Dieu comme auteur de l’action.
Si c’est Dieu, alors de quelle noce s’agit-il ???

ainsi que ses disciples
Il n’y a qu’un verbe à cette phrase, et il est au singulier. Comme si Jésus était déjà à ce point indissociable de ses disciples, qu’il est évident que si Jésus est invité les disciples le sont aussi…
Les versets 35 à 51 du premier chapitre de l’évangile,  ont permis de présenter le rassemblement des premiers disciples par Jésus, et voici que le groupe est déjà suffisamment constitué pour faire un ensemble pour cet épisode… J’avais déjà noté cela en st Marc, dès le début de sa mission Jésus s’entoure de plusieurs disciples. Ici, avec des récits autres, le résultat est le même. Jésus ne parait déjà plus seul.

Jésus nous entraineras-tu avec toi, comme tu as entraîné les disciples dès l’aurore de ta mission ? Me donneras-tu de t’accompagner ? Il me faut pour cela m’inscrire dans ce groupe rassemblé par toi, et non vouloir marcher seul avec toi. Faire route avec tes disciples…
Seigneur, rassemble-nous en toi !

lundi 27 décembre 2010

Je t'ai vu sous le figuier

reprise Jn 1, 35-51

Comme mes doigts ouvrent cette Bible posée devant moi, ouvre mon cœur et mon esprit à ta Parole.


André, Jean, Simon, Philippe, Nathanaël : en 2 jours, Jésus attire à lui ses 5 premiers apôtres.

Voir, regarder, fixer son regard : c’est plus de 10 fois que l’évangéliste parle du regard, et l’on peut ajouter André qui trouve (donc a vu) Simon, Jésus qui trouve Philippe, Philippe qui trouve Nathanaël…

Et ces regards, non seulement permettent la rencontre – ce qui est déjà essentiel – mais, en plus, conduisent à l’adhésion : « Viens et vois » « Je t’avais vu sous le figuier » et à la promesse : « Tu verras plus que cela ! »


Je m’attarde encore sur l’appel de Nathanaël : j’aime le voir à l’ombre de son figuier, l’arbre symbole de l’étude, le nez dans ses rouleaux. Il a dû sursauter et bondir sur ses pieds à l’annonce de Philippe, et puis hausser les épaules. « Mais viens donc, tu verras ! » lui promet son ami.

Il suit Philippe… et, surprise, on les attend, on les regarde accourir, surtout cet homme-là au centre, oui, comme il le regarde… « Voilà un véritable Israélite…» C’est flatteur mais… ils ne se sont jamais rencontrés.

« Je t’ai vu sous le figuier » … tout le monde pouvait le voir sous le figuier… mais cette façon qu’il avait de le regarder… « Rabbi, tu es le Fils de Dieu ! » Jésus a dû sourire : « Parce que je t’ai vu sous le figuier, tu crois ? Tu en verras bien d’autres ! »

Alors Nathanaël a suivi Jésus, il l’a suivi partout, et toujours Jésus voyait : il voyait le petit enfant coincé entre les grands, il voyait la piécette dans les doigts de la veuve, il voyait le grain caché entre les ronces, il voyait, et il les faisait voir…


Au fil des jours, apprends-moi, Seigneur, à me laisser regarder mais aiguise aussi mon regard. Et lorsqu’il s’émousse, permets-moi de revenir :

M’arrêter au bord du chemin. Retrouver le figuier. M'asseoir à son ombre. Et attendre. Jusqu'à ce que tu repasses.

Je connais si bien le rythme de ton pas, mais parfois j'oublie le feu de ton regard.

Tu me verras sous le figuier. Tu me diras: « Viens, viens encore avec moi. » Et, dans tes yeux, je lirai de nouveaux commencements.

dimanche 26 décembre 2010

Vous verrez le ciel ouvert...

Jésus répondit et il lui dit :
« Parce que je t’ai dit : ‘je t’ai vu sous le figuier’, tu crois ?
Tu verras plus grand que cela ! »
Et il lui dit :
« Amen, amen, je vous le dis,
Vous verrez le ciel ayant été ouvert
Et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l’homme. »
                                                                                              Jean 1,50-51
Viens Esprit-Saint, 
Ouvre nos yeux, augmente en nous la foi
que nous découvrions en ce fils de l’homme,
le Fils de Dieu.

Parce que je t’ai dit… tu crois ?
C’est bien là la droiture de Nathanaël… un seul signe lui suffit pour donner sa foi, son adhésion à Jésus.
Et Jésus de conclure : tu verras plus grand que cela ! A qui a des yeux pour voir, l’horizon est plein de promesses…
Amen, amen
C’est le premier d’une longue série, dans l’Evangile de Jean, Jésus commence plus d’une déclaration par cette expression. Dans la liturgie, nous avons l’habitude de conclure les oraisons par un amen. Jésus lui débute ses déclarations par un double amen. La racine hébraïque signifie : ferme, stable. On pourrait traduire par : c’est vrai, c’est du solide !  Luc l’a traduit par « en vérité » (4,25…). Cette expression Amen, amen placée dans la bouche de Jésus, marque une autorité de sa parole, donne un aspect solennel à la déclaration qui suit.
Je vous le dis…
J’observe le passage au pluriel. Tout d’un coup l’auditoire s’élargit. Jésus ne s’adresse plus uniquement à Nathanaël. Quel est cet auditoire ? Est-ce seulement Philippe qui vient s’ajouter ? Lui qui a amené Nathanaël à Jésus ? Est-ce élargissement à l’adresse des lecteurs que nous sommes ?
Vous verrez le ciel ayant été ouvert
A nouveau, il est question de voir en ce texte.  Le ciel ouvert est expression d’une communication possible entre terre et ciel, entre l’homme et Dieu. Le désir le plus profond de l’homme y est exaucé… et j’ose penser le désir de Dieu lui-même !
Les anges de Dieu montant et descendant
Voici une allusion claire il me semble, à la vision du patriarche Jacob. En Genèse 28 (v. 10-17) on raconte ce songe, où Jacob voit une échelle (ou un escalier) dressé entre ciel et terre, et des anges y monter et descendre.
Sur le fils de l’homme
Ainsi, il n’y a plus ici d’échelle comme dans le songe de Jacob : c’est le fils de l’homme qui en tient lieu ; c’est sur lui que montent et descendent les anges ! C’est lui qui permet cette communion, cette relation entre terre et ciel.
Quant à l’expression le fils de l’homme, elle a déjà fait couler beaucoup d’encre. Ici c’est le premier titre que Jésus se donne à lui-même dans cet évangile. C’est assez étonnant, après toutes les déclarations des uns et des autres (Christ, Fils de Dieu…) lui se dit simplement fils de l’homme, comme pour affirmer la réalité de son incarnation. On est alors dans la ligne d’Ezéchiel, qui utilise régulièrement l’expression fils d’homme (Ez 2,1 par ex.) comme une simple manière de désigner un humain.
L’autre ligne de compréhension de cette expression vient de l’apocalyptique. Daniel en une vision grandiose voit comme un fils d’homme (7,13) s’avancer vers le Trône de l’Ancien, pour recevoir domination, honneur et royauté. Le moins que l’on puisse dire, c’est que dans ce contexte, l’expression voile autant qu’elle ne dévoile la personne de Jésus.  

Jésus m’apparait d’emblée présenté comme celui qui fait le lien entre l’homme et Dieu. En ce temps de Noël, je reçois en ces textes une expression du mystère qu’il nous est donné de célébrer, pour en vivre.
Jésus chemin vers le Père. Je vois alors tout ce mystère de l’incarnation, comme la venue de Dieu à notre rencontre. Comme son désir fou de s’offrir à nos regards, à nos cœurs…
Il se rend visible à nos yeux !!! Il se donne à voir, à rencontrer…

Seigneur, ouvre-moi à cette rencontre !

samedi 25 décembre 2010

Toi, tu es le fils de Dieu !

Nathanaël lui répondit :
« Rabbi,
Toi, tu es le Fils de Dieu,
Toi, tu es Roi d’Israël. »
                                                                                              Jean 1,49

Viens Esprit-Saint, nous révéler le Fils,
Ouvre nos yeux,
que nous découvrions en cet enfant des hommes,
le Fils de Dieu.

Rabbi, toi, tu es le Fils de Dieu, toi tu es le Roi d’Israël
Quel emballement en cette parole de Nathanaël ! Un tout petit échange avec Jésus, et tout son scepticisme a disparu comme neige au soleil ! Lui qui se demandait si de Nazareth il pouvait sortir quelque chose de bon, voilà que découvrant à peine Jésus, il offre une superbe confession de foi.

Rabbi
Tout d’abord il reconnaît en Jésus un maître ! Il se situe en disciple prêt à écouter, à se laisser enseigner. On comprend la justesse de la parole de Jésus qui ne trouvait en lui aucune tromperie. Cet homme est vrai. Quand il doute, il doute, mais quand il est amené à la conviction, alors il ne craint nullement de revoir sa position ! Et il ne craint pas de témoigner de ce retournement !

Toi, tu es le Fils de Dieu
Le prologue s’était achevé sur la mention du Fils unique qui nous fait connaître le Père. (1,18)
Jean le Baptiste avait achevé son témoignage en 1,34 par la reconnaissance de la filiation divine de Jésus.
Maintenant c’est un Israélite, pétri de la loi et des prophètes, qui confesse en Jésus le fils de Dieu.
Que comprenait-il exactement en prononçant ces mots ? Nous ne le saurons jamais. Ce titre de « fils de Dieu », a été appliqué dans la Bible à divers personnages : aux anges dans le livre de Job (1,6) ; au peuple de Dieu (Ex 4,22), aux israélites (Os 2,1). Des psaumes le disent du Roi, Messie attendu : par exemple le Ps 2,7 (psaume que nous chantons à Noël avec le verset : Le Seigneur m’a dit ‘tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré’.)
Je constate, est-ce simple question littéraire, que dans le texte grec, à l’expression fils de Dieu, il y a un article : le Fils de Dieu, et que pour Roi, il n’y en a pas.
Le texte veut-il marquer une insistance sur le fait, qu’il est Fils de Dieu d’une manière unique ?

Toi, tu es Roi d’Israël
Ici et en 12,13 lors de l’entrée solennelle à Jérusalem, il est question du roi d’Israël. Dans le récit de la Passion, du roi des Juifs (18,33…)
L’expression Roi d’Israël serait moins nationaliste que celle de roi des Juifs (dixit dixit Alain Marchadour).
Mais surtout, le Roi d’Israël, c’est Dieu ! Ce fut le conflit entre Samuel et le peuple qui lui réclamait un roi : la protestation de Samuel était claire : c’est le Seigneur qui est votre roi (1 Sam 12,12). Ainsi le chantent les psaumes : 93,1 ; 95,3 ; 96,10 ; 97,1… 146,10. Sophonie écrit : le roi d’Israël, le Seigneur, est au milieu de toi. (3,15).
Nathanaël présenté comme connaissant les Ecritures devait savoir cela. Sinon lui, l’évangéliste au moins devait le savoir en plaçant une telle confession de foi sur les lèvres de Nathanaël.

Toi, tu es…
Mise en évidence par deux fois, cette expression donne à la parole de Nathanaël la dimension d’une confession de foi. En relisant les versets qui précèdent, je note toutes les expressions de la foi placées sur les lèvres des personnages :
-          Jean Baptiste le proclame agneau de Dieu (1,29.36) et le fils de Dieu (v.34)
-          Les deux disciples de Jean qui se mettent à suivre Jésus le reconnaissent Rabbi (maître) (v38)
-          André en parle à Pierre en le disant : Messie – Christ (v 41)
-          Philippe dit qu’il est Celui dont Moïse a écrit dans la loi ainsi que les prophètes (v45) tout en le nommant : Jésus, fils de Joseph, de Nazareth.
-          Nathanaël maintenant le proclame : Rabbi, le fils de Dieu, Roi d’Israël.
L’Evangéliste ne nous laisse vraiment pas dans la confusion quant à l’identité de Jésus, cet homme dont il entreprend de nous parler.

Aujourd’hui, c’est dans le mystère de Noël qu’il nous est donné de méditer ce verset. Invitation à deviner la grandeur cachée en ce tout-petit. Invitation à l’étonnement émerveillé avec Joseph, Marie, les bergers,… Me laisser interpeller par la réalité de l’Incarnation.
Tu es le Fils de Dieu, tu es Roi d’Israël, Messie, sauveur !

vendredi 24 décembre 2010

D'où me connais-tu?

Nathanaël lui dit : « D’où me connais-tu ? »
Jésus répondit et lui dit :
« Avant que Philippe ne t’appelât,
quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »
                                                             Jean 1,48

Viens Esprit-Saint, toi qui nous révèles toutes choses,
Viens nous expliquer les Ecritures, que notre foi en devienne plus vivante !


D’où me connais-tu ?
Le verbe « connaître » est un verbe fort dans l’usage biblique. C’est d’une connaissance profonde qu’il fait état. Nathanaël est interpellé par la parole de Jésus déclarant à son sujet qu’il est vraiment un Israélite, un homme sans tromperie. Une telle connaissance l’intrigue. Elle a dû intriguer les disciples au long des jours. C’est ainsi que Jean écrira en 2,25 au sujet de Jésus : il n’avait pas besoin d’un témoignage sur l’homme : car lui-même connaissait ce qu’il y avait dans l’homme. Je vois ici dans la rencontre de Nathanaël, une manifestation de cette connaissance qu’a Jésus.

Jésus répondit
Il ne se contente pas d’un « c’est ainsi », ou d’un « je sais tout » (ce qu’il ne dira jamais, lui qui ne craint pas de dire qu’il y a des choses qu’il ignore, que seul le Père connaît cf Mt 24,36), … il répond. Mais quelle réponse :

Avant que Philippe ne t’appelât
Un petit coup d’œil au vocabulaire grec employé ici, il ne s’agit pas du verbe caleô (auquel on lie souvent l’appel-vocation, la convocation du peuple par Dieu) mais de phoneô que Jean utilise régulièrement dans le sens « appeler pour faire venir » (2,9 ; 4,16 ; 9,18.24 ; 10,3 ; 11,28 ; 12,17 ; 18,33).

Quand tu étais sous le figuier
Cette expression devait être limpide pour Nathanaël quand on voit au verset suivant que cette réponse suffira à l’enflammer ! Pour nous, ce l’est moins ! La TOB nous dit que c’est une expression rabbinique qui dit une vie consacrée à l’étude des Ecritures. La littérature rabbinique compare parfois le figuier à l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,9). Etre assis sous le figuier, c’est étudier l’Ecriture.

Je t’ai vu
Je t’ai vu en cette activité qui dit ta quête, ton désir…
Jésus choisit ainsi de dire sa connaissance de Nathanaël en parlant de son désir, à mots couverts. Il le touche là où vibre sa recherche de sens, de vie.

Ainsi notre Dieu, fait homme vient à la rencontre de l’homme, vient au carrefour de son désir, de sa soif, de sa quête… il vient s’offrir à la rencontre…

Méditer cette manière de Jésus de s’approcher de Nathanaël me prépare à accueillir ce nouveau Noël que nous allons bientôt chanter. Contempler Dieu en quête de nous, sur nos routes…

Viens, Seigneur, à la rencontre de nos désirs les plus profonds,
viens espérance des hommes,
viens combler notre attente (liturgie d'Avent).

jeudi 23 décembre 2010

Voici vraiment un Israélite...

Jésus vit Nathanaël venant vers lui et il dit à son sujet : « Voici vraiment un Israélite, en qui il n’est pas de tromperie ».
                                        Jean 1,47
Viens Esprit-Saint,
Viens ouvrir mon cœur à l’intelligence de ta Parole,
Que je puisse l’accueillir et en vivre.

Jésus vit Nathanaël
Il le voit accompagné de Philippe sans doute. Mais toute l’attention du texte est focalisée sur Nathanaël. Il le voit, d’un regard tout simple. Il le voit en sa démarche : il vient vers Jésus, comme lui Jésus était allé à Jean quelques jours plus tôt.
Belle démarche de Nathanaël, il se fie plus à la parole de Philippe qu’à ses propres doutes !
Il dit à son sujet…
A qui le dit-il ? A Philippe ? Décidément, il ne faut pas compter sur l’évangéliste pour tenir la gazette du coin !
Voici vraiment un Israélite, en qui il n’est pas de tromperie !
Quel éloge ! Jésus discerne en Nathanaël un véritable enfant d’Israël, et un homme droit ! Philippe avait dû tabler sur ces deux caractéristiques de Nathanaël pour l’inviter. Il lui avait présenté Jésus comme celui au sujet duquel Moïse avait écrit ainsi que les prophètes. Et il a misé sans doute sur la droiture de Philippe que pour croire qu’il pourrait reconnaître en Jésus le Messie, même si Philippe avait d’abord répondu d’une manière plus que sceptique : De Nazareth, peut-il venir quelque chose de bon !

Un petit coup d’œil sur la concordance : C’est le seul emploi dans cet évangile du mot Israélite, et le seul emploi du mot tromperie. Par contre, le mot vraiment lui revient plusieurs fois, et semble marquer une insistance. Ainsi en 4,42, les voisins de la Samaritaine lui disent à propos de Jésus : nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. Après le miracle des pains, les gens disent de Jésus : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde. En 7,26, les gens de Jérusalem s’interrogent : Est-ce que vraiment les chefs auraient reconnu qu’il est le Christ ?  En 7,40, certains disent que Jésus est vraiment le prophète. Et à ses disciples Jésus déclare, en 8,41 : si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes vraiment mes disciples et vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libres.  Dans sa grande prière, en 17,8, il dit à nouveau de ses disciples : Et ils ont connu que vraiment je suis venu d’auprès de toi. Si je regarde les occurrences des mots apparentés : vérité, vrai…  je constate qu’ils sont beaucoup plus souvent utilisés dans l’Evangile de Jean que dans les synoptiques.
Je me remémore le verset du prologue : La loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ (1,17)
Ainsi Nathanaël, pétri de la loi de Moïse et des prophètes, reçoit de Jésus une reconnaissance de vérité.

Je reste aujourd’hui avec ce regard de Jésus posé sur cet homme, avec la parole de Jésus, qui reconnaît le bien en cet homme. Un regard, une parole qui tissent la communion dans la reconnaissance du bien en l’autre ! Grâce qu’une telle rencontre !

mercredi 22 décembre 2010

Viens et vois

Jn 1,45 Philippe va trouver Nathanaël et lui dit : « Celui dont parle la Loi de Moïse et les prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth. »

André va trouver Simon, il lui dit qu’il a trouvé le Messie, Jésus trouve Philippe, Philippe va trouver Nathanaël, il lui dit qu’il a trouvé le Messie… simples répétitions du même mot ? D’autres traductions parlent de « rencontrer » son frère, etc... et réservent « trouver » pour le Messie. Un petit coup d’œil au texte grec : c’est bien toujours le même verbe qui est employé et qui signifie littéralement « trouver » ; donc il s’agit vraiment d’une découverte après une recherche, après une attente, que ce soit la rencontre du Messie ou de celle de son frère… Et nous, qui sommes certes toujours « en recherche », que (qui) avons-nous déjà trouvé ?

46 De Nazareth, lui dit Nathanaël, peut-il sortir quelque chose de bon ? Petit clin d’œil irrésistible à nos incrédulités et à nos manies de mettre des étiquettes sur les gens…

Philippe lui dit : « Viens et vois » Merveilleux Philippe ! Jésus l’a appelé aujourd’hui même de ce fameux « suis-moi » qu’il a reçu en premier, et le voilà qui témoigne déjà (comme André) que Jésus est le Messie et répète à son compte les paroles du Maître « Viens et vois » : deux impératifs qui sont plus des invitations que des ordres : mets-toi seulement en route, viens avec moi, et ouvre les yeux : après tu feras comme tu penses, je ne cherche pas à te convaincre, je ne réponds pas à ton ironie, viens seulement »


« Viens et vois »

Des mots que je voudrais dire autour de moi, car il y a une urgence à partager, un bonheur à chanter, une joie de la rencontre que l’on voudrait crier au monde entier… et pourtant une vraie rencontre peut-elle s’exprimer, se partager ? Alors la seule vraie invitation est ce « viens et tu verras », invitation lourde de promesse. Mais la question est immense : comment cette invitation peut-elle se dire aujourd’hui ?

Des mots surtout qui me sont adressés tous les jours, peut-être même à chaque lectio, au travers aussi de bien des liens d’amitié : par Jésus sur le chemin, par bien des « Philippe » qui me trouvent sur la route, parfois au bord de la route comme Nathanaël…

Grâce te soit rendue, « Jésus de Nazareth », pour cette invitation et cette promesse sublimes : viens et tu verras. Donne-moi d’y répondre chaque jour.

mardi 21 décembre 2010

Le lendemain...

Le lendemain, il voulut partir pour la Galilée ; il trouve Philippe et Jésus lui dit : « Suis-moi ! » Philippe était de Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre.
                                        Jean 1,43-44
Viens Esprit-Saint, habite nos rencontres de ce jour,
Habite nos esprits pour recevoir en cette parole, la nourriture de ce jour.

Le lendemain
Troisième fois dans ce chapitre, que Jean rythme le récit par un nouveau « lendemain ». Organiserait-il son récit comme la première semaine de la mission de Jésus ? Ce serait  à nouveau discrète allusion à la Genèse, au chapitre 1, où la création est racontée au rythme d’une semaine ? Nous sommes à la Nouvelle Genèse…
Premier jour : que la lumière soit et la lumière est séparée des ténèbres : Jean témoigne devant la délégation de Jérusalem que vient du neuf, Jean est celui qui a reçu mission de rendre témoignage à la lumière (1,7)…
Deuxième jour : séparation des eaux : celles d’en haut et celles d’en bas : Jean, voyant Jésus venir à lui, témoigne : il a vu l’Esprit descendre sur lui, Jean baptise dans l’eau, Jésus baptisera dans l’Esprit (séparation des baptêmes)
Troisième jour : apparition de la terre qui, se séparant des eaux, se couvre de végétaux : deux disciples qui quittent Jean et suivent Jésus, André va trouver Pierre et le conduire à Jésus
Quatrième jour : les luminaires sont placés au firmament du ciel : appel de Philippe qui va trouver Nathanaël, homme qui se nourrit de la loi de Moïse et de la parole des prophètes… Moïse et prophètes, des luminaires, par rapport à la lumière qu’est le Christ…
Il ne faut pas chercher des liens en tirant trop par les cheveux, mais on peut penser qu’il y a quand même un souhait de décrire une semaine inaugurale, où toutes choses nouvelles apparaissent, avec la venue de Jésus.

Il voulut partir pour la Galilée
Première mention de la Galilée en cet Evangile. Elle prépare la mention du chapitre suivant : il y eut des noces à Cana en Galilée. Jésus va sans cesse passer de la Judée à la Galilée en l’Evangile de Jean (à la différence des synoptiques qui situent les premiers temps de la mission de Jésus en Galilée, avant d’esquisser sa montée à Jérusalem). Matthieu (4,15) parle de la Galilée des nations (citant Is 8, 23) ! Elle est carrefour, lieu d’échange entre les peuples. J’aime regarder la carte, qui me rappelle la réalité de l’incarnation. Jésus a marché sur nos routes humaines !

Il trouve Philippe et lui dit : « Suis-moi ».
Cette fois c’est Jésus qui trouve l’homme. Et non plus lui qui est trouvé. C’est lui qui lance un appel « suis-moi », sans apparemment attendre une question de Philippe. J’aime cette diversité dans les rencontres de Jésus. Il n’y a pas un moule… chacun est unique, et rencontré de manière unique.
Suis-moi, ou fais route avec moi, ou accompagne-moi.
Une fois de plus, Jean ne nous dira rien de plus sur cette rencontre. Il ne dévoilera pas l’intime de cette relation qui se noue. Aucun état n’est fait de la réponse de Philippe. Le verset suivant nous apprendra qu’il a effectivement suivi. Il semble y avoir quelque chose de fulgurant en un tel appel. Comment Philippe pourrait-il se mettre en route aussitôt si Jésus est pour lui un inconnu ? Il a dû déjà en entendre parler… Effectivement on peut soupçonner Pierre et André. Le verset continue : Philippe était de Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre.
Bethsaïde : littéralement : maison de la pêche. Pas étonnant comme nom pour une ville située sur le bord du lac. Pierre et André, nous disent les synoptiques étaient pêcheurs (Mc 1,16 par exemple). Seraient-ils déjà pêcheurs d’homme, en ayant parlé de Jésus à Philippe ? Peut-être, mais rien ne l’affirme…

En relisant ces deux petits versets, je regarde la naissance du peuple nouveau, rassemblé par Jésus, je regarde les débuts modestes de sa mission. J’écoute la parole toute simple de Jésus : « suis-moi ! » Je l’accueille et lui laisse faire son chemin en moi.

Seigneur, tu es passé sur nos routes humaines, tu as appelé des hommes à faire route avec toi. Béni sois-tu d’avoir dès l’aube de ta mission voulu associer ainsi notre humanité. Apprends-moi à t’accompagner.